IL NE LEUR MANQUE QUE LA PAROLE. 2ème partie – Chapitre 4 (à suivre) – Véronique Monsigny

CHAPITRE 4 – L’habit ne fait pas l’abeille

 

        Meh ! dis donc toi, la mouche à miel …

        Zzz ! Non, je ne suis pas une « mouche à miel » ! Je suis une mouche” libre”. Je ne suis pas condamnée aux travaux forcés, moi ! Je vais, je viens où je veux, je n’ai pas de reine, je suis libre comme l’air.

         Mouaih ! Et bien sens toi libre de te poser ailleurs que sur mon repas, tu as le crottin des chevaux dehors, c’est pas fait pour les chiens.

        Zzz ! la propriété n’existe pas chez nous, tu devrais le savoir depuis que tu fréquentes les mielleuses… nous sommes des « collectives » et heureuses de l’être !

        Meh ! Pourquoi tu es en noir de la tête aux pattes si tu es heureuse ? Toi aussi tu as perdu un ami ? Oh remarque, chez vous, ce doit être tous les jours… Et puis, des amis vous ne devez pas en avoir beaucoup vu le temps que vous leur consacrez et la durée de vos rares attachements…

        Oh, je suis libre comme l’air je te dis !

        Maouh ! Alors tu as tout ton temps, comme moi ! Tu veux devenir mon ami ?

        A ça non, tu n’y songes pas ! Tu es un ennemi héréditaire, bas les pattes. Je te vois venir ! Vous les chats vous faites les dévots chattemites, vous êtes cruels, vicieux et  imprévisibles. J’ai connu un chat de ton genre, un chat « greffier » qui écrivait figure-toi. Il a écrit un poème pour nous narguer, écoute-ça ! De la cruauté pure…

         

Le chat Sacha lèche son plastron

Ses pattes blanches, son pantalon

Du bout d’la queue jusqu’aux moustaches

Il est occupé à sa tâche

 

Soudain sa pupille se dilate

Ses oreilles se dressent bien droites

Une araignée, pauvre innocente

Passe sous le nez du dilettante

 

Gentil minou se change en tigre

D’Europe vers l’Asie il émigre

Il fait la boule et se détend

Il n’a pas faim, il prend son temps

 

Ce n’est pas un besoin vital

Qui motive ici l’animal

Mais seule une passion ludique

En un instant le rend sadique

 

Sur l’araignée il met la patte

Non pas pour s’en faire un régal

Il veut terroriser la proie

Et lui montrer qu’il est le roi

 

Une fois, dix fois ce chat tyran

Fera le geste, interrompant

Son dessein bien arrêté

De cette araignée déguster

 

Enfin se lassant de ce jeu

Redevenant enfin sérieux

Subitement il la saisit

Et la déguste… sans appétit

 

        Maouh ! j’avoue, je faisais ça quand j’étais jeune. Il faut bien que jeunesse se passe…

        Oui, et bien va la passer sur le dos de quelqu’un d’autre. Salut tyran !

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Véronique Monsigny

Véronique Monsigny (204)

J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de 60 ans. Ce n'est pas moi qui les ai cherchés, ils se sont imposés à moi comme une bouffée d'air pur au moment de la retraite. Enfin laisser parler les mots qui dorment en moi !
J'ai lu Victor Hugo et Lamartine à l'adolescence, puis Aragon et Baudelaire un peu plus tard. Brassens a bercé mon enfance. Ils m'ont appris à rimer en alexandrins.
Le virus était en moi. Il y a sommeillé le temps de travailler, d'élever mes enfants, de taire mes maux pour mieux m'occuper de ceux des autres.
Et voilà le flot de mes rimes sur lesquels je navigue aujourd'hui, au gré des jours bons ou moins bons. Ils me bercent, ils m'apaisent... je vous en offre l'écume du jour.

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