XLVIX – Paulette dite Tata Popo : La marraine enchantée
Le portrait de tata Popo, ma marraine, serait incomplet si on n’évoquait pas la place de la musique dans sa vie. Lors des années antoniennes vécues dans son double appartement de la Croix de Berny, tata Popo s’était fait aménager un véritable salon de musique avec une chaîne stéréo hi-fi sur mesure. Elle s’y rendait comme on va à Pleyel ou à l’Opéra et y enchaînait son best of de vinyles de ce qu’elle appelait de la grande musique. Sur les incontournables valses de Strauss, elle se levait et dansait. D’ailleurs quand elle m’invitait au restaurant elle choisissait toujours un lieu avec musique, voire orchestre, et piste de danse afin de danser la valse avec moi. Assez évident après quelques coupes d’apéritifs et une bonne bouteille de Bourgogne ; ça tournait même tout seul disait-elle.
Il faut se représenter tata Popo toujours en tenue de fête, pouponnée comme pour monter sur scène, prompte à entonner ton répertoire grâce à une mémoire des chansons à toute épreuve.
Entre deux chansons, elle narrait des souvenirs de jeunesse avec la même facilité et le même jeu inné du spectacle chez soi. Et, encore entre deux chansons, elle me rappelait à quelle filleule elle avait promis tel ou tel article de sa collection digne du musée Grévin. Elle les portait dans son coeur tout autant que ses chansons d’amour, dont Mon amant de Saint Jean qu’elle dédiait à un certain Jacques de ses 19 ans…
Sa pièce de vie tenait à la fois du musée et de la scène décorée. Rien n’y était laissé au hasard. Chaque centimètre carré avait son rôle à jouer. Et surtout, interdiction de toucher à quoique ce soit pour ne pas semer partout le bazar. Pas même l’aider à débarrasser sa table pour laver sa vaisselle.
Jusqu’à ses 93 ans elle voulait rester une jeune femme autonome et pleine d’entrain. Ces quelques vidéos se veulent à hommage à ces derniers mois parmi nous. Du moins sur cette terre, car tata Popo demeure éternellement parmi nous.