Un gentilhomme du temps de nos aïeux
Se promenait, un jour, radieux
Lorsqu’il vit, juste vêtue d’un pagne,
Une jeune fille marchant dans la campagne.
“ Dieu qu’elle est belle
Se dit-il hébété,
C’est un label
De douce intimité.
Est-elle rebelle
A la sincérité
D’un gentilhomme amoureux”
Ce beau galant poussé par le désir,
Hypnotisé par un soudain plaisir,
Se dirigea vers l’objet de sa quête
En espérant en faire sa conquête.
“ Nymphe divine,
Dit-il genou à terre,
Mon cœur devine
Une âme solitaire
Mais qui avine
La destinée austère
D’un gentilhomme amoureux”
La jeune fille, avec affolement,
Rougit du feu de cet emballement.
“ Vous êtes bon, lui dit-elle élogieuse
Mais j’ai promis d’être une religieuse”
“ Mon âme saigne,
dit l’homme bouleversé,
Qu’une telle enseigne
Régisse vos pensées.
Elle me renseigne
Sur l’espoir insensé
D’un gentilhomme amoureux”
“ Je vous en prie, monsieur, n’insistez-pas !
C’est ce destin qui verra mon trépas.
L’amour de Dieu est entré dans mon cœur
Et il y règne, désormais, en vainqueur !”
“ Mais ce dessein,
Peut-être, n’effleure-t-il
Dans votre sein
Qu’une illusion futile ?
Reniez vos saints
Pour l’amour subtil
D’un gentilhomme amoureux”.
“ Mademoiselle, Dieu s’en consolera !
Il est amour, il vous pardonnera !
Ne vivez plus pour ces messes sectaires,
Mon amour, seul, vous sera salutaire.”
Séduite enfin
Par cet homme galant
Elle mit fin à ses divins élans.
Le Dieu défunt
Fut cocu par l’allant
D’un gentilhomme amoureux.
Et c’est ainsi que, fait contradictoire,
Une religieuse finit sur le trottoir
Car cet amant, au charme sans égal,
Était, en fait, un parrain de Pigalle.
12 07 1984
Hélas…
Et de combien le sort.
Parlant. Merci, Arnaud.
C’est juste splendide en tous points. Un peu d’Alphonse Allais, un rien de Tristan Bernard, Bravo et merci!
Voilà une authentique fable ou je ne m’y connais pas. Bien troussée, comme la demoiselle, elle permet réflexion avec un sourire en coin. CQFD…
Triste sort…