Le vilain Coq .Kamel usbek

Ah! À quel point j’étais autrefois candide,
Un jour mon père, d’un poussin me fit cadeau,
J’ai vite mis dans une boîte ce badaud,
Si petit déjà, il avait l’air splendide.

Je gavais sa remise de pain et d’eau,
Sans cesse je l’admirais le trouvant si beau.
J’attendais, impatient que mon bagnard grossit,
Pour entendre son chant, voir ses combats aussi.

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Et les longs jours passent, mes soins ne s’en lassent,
Mon vaillant dans son ring prenait plus de place.
Son bec se forgeait et ses plumes se teintaient,
Un athlète se sculptait, ça je le sentais.

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Par un beau jour il sauta hors de son enclos,
Tellement content, j’avais les larmes en flots.
L’heure de faire connaître mon gladiateur,
A sonné, il ira lutter chez le planteur,

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Où le coq du voisin vit en retraite,
Au milieu de ses fidèles, l’air d’un prêtre.
Je le voyais bien au dessous du barème,
Pauvre coq, si déchu finit le harem.

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Finit chant matinal, finit les aubades,
Plus de frénésie, ni danses, ni gambades.
Le voici celui qui t’arrache le trône,
Toi qui par ton regard provoque sa grogne.

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Hésitant, mais il avance comme même,
D’un pas branlant, vers ce champs où se tint l’harem.
Le vilain lui donna sur la tête un coup,
D’un geste lui sauta sur le dos tout à coup.

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Je ne saurais à ce vil geste me tarder,
Longtemps dans ma mémoire d’enfant fut gardé.
Il y a des êtres qui le trouvent saisissant,
Mais à cet âge je le trouvais repoussant.

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Honneur bafoué, il était bien vaincu, j’accours,
Mes petites mains, lui étaient d’un grand secours.
Je cours droit chez notre voisine me plaindre,
Que son mâle a piaffé le mien, à craindre,

.
Si jamais je n’étais là, il serait bien mort.

D’un éclat tel un cheval tiré par son mors,                                                                                   
A la vue du vaincu accentue ses rires,
Dieu merci tu étais là, si non le pire.

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Mon fils rassure toi, qu’il n’a fait aucun tort,
Un jour, tu sauras son geste coûte de l’or.
Voilà qu’un jour mon coq a pondu un œuf!
Devant moi, j’avais les yeux tout grands, ceux d’un bœuf.

.
Je cours chez moi, le trésor bien chaud dans ma main.
Dire à ma mère, l’horreur vécue en témoin,
Un beau sourire sur ses lèvres se forme,
D’un œil plein de tendresse, d’amour m’informe,

.
Que cet œuf tenu est un lourd héritage,
De lui naîtra le vil poussin et le sage.
Tu vois ta poule de quoi elle est capable,
Portant en sein le sage et coupable,

.
Elle les aime et les couve de ses soins,
Demain ils s’en iront, la laissant dans son coin.
Je crains, fils que toi aussi tu feras autant,
Je l’enlace de toutes mes forces sentant,

.
Le besoin du poussin de sa mère poule,
Privé de ses nobles soins, son monde croule.
Depuis j’avais toujours vécu auprès d’elle,
Avant son voyage sans hélices, ni ailes,

.
Vers les cieux, que Dieu par sa miséricorde,
Exauce ma seule prière et l’accorde,
Celle d’accueillir ma mère et mon père,
En son paradis, préserver mes sœurs et frères,

De la cupidité et la discorde.

troubadour © copyright ( 05/02/2012)

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