Le vent – Alain Salvador

Il souffle fort et je l’entends… Tels les hurlements que pourrait avoir un fantôme, tels les cris angoissants des pauvres âmes perdues implorant la pitié, il devient stressant en ce début de nuit qui déjà est tombée. En cette fin de journée d’automne, sombre des nuages bas que je voyais filer à toute allure avant de fermer les volets, ce vent furieux donnait des coups de boutoir à mes fenêtres, comme pour les faire exploser et venir me frapper pour me punir d’un crime que je ‘ai pas commis… Ou que peut-être j’ai oublié.

 

Inquiet durant les journées de grand vent, je regardais par ma fenêtre pour m’assurer que quelque tornade ne vienne s’inviter dans mon horizon,  d’aussi loin que je puisse voir.

Mais ce soir mes volets sont fermés, et c’est en traitre qu’il vient m’attaquer, en dépit de tout code d’honneur, tel un criminel profitant de l’obscurité pour commettre son méfait.

 

Je comprends mieux la peur des marins d’autrefois dans les entrailles de leurs navires  marchands, franchissant le cap Horn et devant descendre dans les quarantièmes rugissants pour atteindre les cinquantièmes hurlants, voir parfois aller tutoyer les soixantièmes mugissants.

Ces vents de l’hémisphère sud, aussi furieux qu’une meute de loups aux abois, alliés aux vagues monstrueuses, faisaient des clippers de l’époque de bien fragiles embarcations, tels des fétus de paille sur un océan déchaîné.

Souffles des enfers déchirant les voiles, couchant les plus grands navires si elles n’étaient pas ferlées à temps, pour que la mer inonde leurs cales et les entraîne jusqu’au fond des abysses.

 

Pourtant les jours de tempête en Bretagne ou sur la côte ouest du Royaume Uni, où les vents furieux mènent leurs troupes aqueuses en vagues successives à l’assaut des rochers et des falaises du littoral, sont d’une beauté envoûtante.

Il y a la bise des régions des cercles polaires, recouvrant la toundra d’un manteau de neige et le continent Antarctique dans un univers de glace.

Et le Sirocco soulevant du désert saharien des nuages de sable fin engloutissant tout sur leur passage, villages et oasis.

Je connais le souffle puissant du Mistral, nettoyant le ciel de la vallée du Rhône et de la Provence. La Tramontane, balayant les plages de l’Occitanie.

 

Et si ce vent se transformait en tornade, arrachant tout sur son passage, implosant les maisons après avoir arraché leur toiture, ne laissant derrière lui que ruines et désolation.

Déracinant des arbres centenaires, et pour ceux qui ont résisté les brisant net dans leur partie haute, faisant payer fort leur affront en  les écimant, les guillotinant pour faire d’eux des exemples, toujours debout mais gravement mutilés.

 

Cyclones dévastateurs aux vents violents, ouragans ou typhons ainsi nommés suivant la région du globe où ils sévissent, ces forces de la nature font des êtres humains de petites fourmis bien légères et démunies.

Bidonvilles rasés ajoutant à la misère des pauvres gens la désolation, semant la mort déjà si présente dans leur précarité.

Rien ne peut arrêter le vent. L’eau encore on peut bien tenter de l’endiguer, essayer de la stopper ou de la détourner, mais le vent…

 

Je n’aime pas le vent, le bruit qu’il fait, lancinant, assourdissant à force de ne plus lâcher prise, toujours semblant vouloir gronder plus fort de sa voix de stentor. Surtout lorsque j’entends mes tuiles se soulever et jouer quelques notes d’une musique lugubre, avant de dégringoler de ma toiture pour atterrir au pied de mon logis.

 

Je me souviens de ce film “le magicien d’Oz”, avec Judy Garland dans le rôle de Dorothy. Elle se faisait aspirer par une tornade avant d’atterrir au pays imaginaire d’Oz. Un souvenir d’enfance qui peut-être est à l’origine de mes inquiétudes. Et en plus il y avait la rencontre avec la méchante sorcière…

 

Un vent qui rapidement chasse la pluie,  je veux bien! S’il pouvait chasser de la surface de notre Terre toute la misère ainsi que tous ceux qui la créent, oh oui il serait le bienvenu alors ! Et je trouverais même que peut-être il ne soufflerait pas assez fort !

Mais en attendant ce n’est pas le cas, et d’ailleurs ce ne sera jamais le cas, alors qu’il se calme et me laisse dormir tranquille…

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Alain Salvador

Alain Salvador (387)

Je suis né en 1956, et ai toujours eu le goût pour l’écriture.
Cependant je n’ai fait aucunes études , ni de lettres ou autre chose de bien gratifiant.
Je n’ai qu’un CAP de mécanique en poche et ma vie passée en usine , ma famille avec mes trois enfants, font que depuis ma retraite, j’ai repris du temps pour me consacrer aux mots.
On pourrait dire de moi que je suis plutôt un autodidacte.
Les quelques personnes à qui je fais lire mes textes me disent que j’ai une facilité d’écriture.
A ceux-là je leur réponds: ”ce n’est pas toujours aussi facile qu’il y paraît… ” Et pour l’orthographe, et bien je révise les règles…Il n’est jamais trop tard si l’on veut entreprendre quelque chose dans sa vie.

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5 Commentaires
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Philippe DUTAILLY
Membre
3 janvier 2021 19 h 43 min

Bonsoir Alain et bonne année,
Il ne nous reste, en ce début d’année, qu’à souhaiter que la tempête engendre des tourbillons de joie. Un souhait à la “imagine”.

Plume de Poète
Administrateur
3 janvier 2021 10 h 19 min

Merci pour ce beau partage ventilé Alain !
Je tiens à vous remercier pour vos nombreux partages et vos échanges sur le site, nous apprécions beaucoup vos textes et nous les découvrons quotidiennement avec grand plaisir.
Bonne continuation et mes voeux les meilleurs pour cette nouvelle année.
Bien à vous,
Alain