La Pachamama – Alain Salvador

Allo allo, je suis la Terre ! J’ai confié à une amie idéaliste la difficile mission de vous raconter mes grandes préoccupations.

Certaines populations me nomment La Pachamama, je suis leur Terre nourricière, elles me couvrent d’offrandes lorsqu’elles m’ensemencent, elles me célèbrent en invoquant la pluie et le Soleil, et me comblent de louanges à chaque maigre récolte.

D’autres gens me torturent, farfouillent mes entrailles sans aucune précaution, sans refermer mes plaies, laissant l’hémorragie de mon sein s’écouler sans fin. Ceux-là ce n’est pas la Pachamama qu’ils vénèrent, c’est leurs profits, leurs intérêts et bien sûr leurs bourses.

Mes enfants ne m’écoutent plus, ils deviennent arrogants, indisciplinés et irrespectueux. Ils ne remarquent pas, ou ne veulent pas remarquer, qu’ils me blessent profondément, que j’ai mal, que je souffre !

Je suis couverte de plaies, de bosses, de balafres, de cicatrices et d’immondices, qui me rendent laide. Mois si belle, je ne reconnais plus ma Terre…

Alors je m’interroge, qu’ai-je dons fait de si terrible pour que mes petits me maltraitent ainsi, au nom du bien-être, du progrès et même de la science ?

Quand je sors de mon sommeil, je pousse de doux soupirs tièdes pour chasser les nuages et réchauffer les uns et les autres.

Bien vite le Printemps renaît, je réveille les arbres de leur longue torpeur hivernale, afin qu’ils se parent de bourgeons et de feuillages.

Il est vrai que l’été je ne fais pas grand chose, il fait trop chaud ! Ces insupportables galopins devraient être satisfaits, ils ont de l’Eau pour se désaltérer, faire croître leur nourriture et profiter de leurs loisirs. Ils jouissent de l’ombre des arbres qui les protègent du Soleil.

L’automne, je suis fatiguée, il est temps de se reposer. Je baisse la lumière et j’allume les veilleuses, j’habille la végétation de tenues richement colorées et apaisantes.

L’hiver, suivant les lieux, je dessine un patchwork de verts, de marrons, que je saupoudre de blanc, puis je m’endors…

En découvrant toutes ces horreurs  je suis triste, je pleure et je déverse des torrents de larmes dévastant tout sur leur passage. Ensuite vient la colère, j’enflamme les steppes et les forêts en dardant sans trêve des rayons brûlants. Je cuis tous ceux que je rencontre ! Les pauvres petits habitants des lieux subissent injustement ma fureur.

Je gronde dans mon sommeil, je souffle très fort en poussant des cris d’alarme, provoquant tornades et tempêtes de sable. Je fais le gros dos, je me retrouve brutalement et d’un fort coup de reins je déclenche séisme et tsunamis. Mais rien n’y fait, ces vauriens s’obstinent à faire l’autruche !

Chacun tire la couverture à soi, en m’accusant de tous les mots. Certains me montrent leurs poings en me maudissant.

Un jour viendra, lorsque je serai lassée d’entendre leurs jérémiades, de subir leurs outrages, je me fâcherai pour de vrai, tant pis pour eux ! Cependant je vais patienter un peu, pour épargner ceux qui m’aiment et afin de donner aux autres le temps de se ressaisir.

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Alain Salvador

Alain Salvador (387)

Je suis né en 1956, et ai toujours eu le goût pour l’écriture.
Cependant je n’ai fait aucunes études , ni de lettres ou autre chose de bien gratifiant.
Je n’ai qu’un CAP de mécanique en poche et ma vie passée en usine , ma famille avec mes trois enfants, font que depuis ma retraite, j’ai repris du temps pour me consacrer aux mots.
On pourrait dire de moi que je suis plutôt un autodidacte.
Les quelques personnes à qui je fais lire mes textes me disent que j’ai une facilité d’écriture.
A ceux-là je leur réponds: ”ce n’est pas toujours aussi facile qu’il y paraît… ” Et pour l’orthographe, et bien je révise les règles…Il n’est jamais trop tard si l’on veut entreprendre quelque chose dans sa vie.

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8 Commentaires
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Philippe DUTAILLY
Membre
23 avril 2021 14 h 10 min

Au lieu d’aller sur Mars, intéressons- nous plus à la terre..

Colette Guinard
Membre
23 avril 2021 12 h 50 min

Alain Quel plaisir pour vous de recopier ce merveilleux texte de Claude cette amie qui relate ses angoisses sur le devenir de notre planète, souillée par des humains inconscients du mal qu’ils ont fait et font encore pour notre planète ,si belle notre terre mère, gardons espoir du devenir de celle-ci sauvée par nos descendants j’espère! Bravo à Madame Claude transmettez-lui mes amitiés Colette

Pascale Jarmuzynski
Membre
23 avril 2021 10 h 44 min

Waouh ….. qu’il est beau et terrible à la fois ce texte Alain ….mais hélàs si réel …
Je ne sais si un jour … avant qu’il ne soit trop tard, nos gouvernants qui se veulent si intelligents …. arriveront à prendre des décisions radicales … mais malheureusement, j’ai bien peur que ces satanés intérêts économiques l’emportent sur l’avenir de notre planète et de notre descendance …
Il est vrais que chacun d’entre nous avons notre part de responsabilité …. mais quand au détour d’un sentier de forêt l’on découvre des décharges sauvages … ce n’est pas gagné !!!!! cela me met dans une colère noir ….