FOU DE BASSAN – Véronique Monsigny
Comme le fou de bassan qui en quête de vivres
Plonge dans l’eau glacée, profonde et insondable
Je cherche le souvenir qui revenant délivre
Les fantômes qui me tiennent et sont insaisissables
Comme le fou isolé en son monde circonscrit
Je nage en eaux profondes et découvre parfois
Ma vie en palimpseste mille fois réécrit
La mémoire l’efface pour s’ouvrir d’autres voies
Je suis comme l’ancien qui revit sa jeunesse
Et oublie le présent où il ne peut agir
Il rhabille de soleil les heures de tristesse
Se souvient du meilleur sans craindre de l’embellir
Car lorsque l’on ne peut être acteur du présent
On convoque le passé qui nous connut meilleur
On s’invente des rôles pour rendre moins pesant
Ce séjour en exile où s’égrainent nos heures
Enfant je me disais : ces vieux ont du courage !
Ils rient et ils s’amusent alors qu’ils vont mourir
Aujourd’hui où j’accoste déjà à ce rivage
Aux souvenirs je dis : comme il est bon d’en rire
Joli démenti aux mots de Jacques Brel : Mourir ? La belle affaire mais vieillir ! Oh vieillir !
Belle inversion de la vapeur poétique
Un beau poème, un constat du temps qui passe et qu’il faut accommoder pour avant qu’il ne s’efface. j’aime beaucoup, merci Véronique Monsigny du plaisir que j’ai eu à vous lire.
Régina
Merci, Véro, pour ce partage plein de réalisme. J’écrivais quelque part que plus on avance en âge, plus on se bonifie et apprécie les choses à leur juste valeur..Il se trouve que tu le fais précocement. Tu es l’exception qui confirme la règle.
Amitiés.
Brahim