Elle était là, derrière la vitre
A attendre le client
Comme nombre de ses collègues
Dans les rues d’Amsterdam
Ou bien d’Anvers.
En tenue légère, comme à la plage,
Pour montrer la marchandise.
Elle lisait ou cousait
Sans nous voir, nous qui défilions
Pour faire notre choix.
Elle était là,
On entrait pour négocier le prix
Et les prestations offertes.
Accord conclu, elle tirait le rideau,
Puis nous entrainait dans la chambre
Où un large lit accueillait notre commerce.
Quelques mots, quelques billets échangés,
Nous nous quittions. Elle ouvrait le rideau
Et reprenait sa lecture ou son tricot
Tandis que nous comparions les qualités
Des unes et des autres,
En rigolant comme des gamins,
Voulant ainsi être des hommes.
Elle était là, derrière la vie ;
Elle sera là demain et encore.
Et nous,
Des mois durant, la mer nous portait
D’un port à l’autre,
D’une rue à l’autre,
D’une femme à l’autre.
Et parce que la mer était trop grande
Entre deux ports
Entre deux femmes
Nous trompions notre solitude
Dans les alcools les plus étranges
A en perdre la raison.
Elles et moi, chacun de notre côté
Nous étions de ceux
Qui n’avaient pas le droit d’aimer,
Sauf pour quelques billets
Le temps d’une soirée.
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©Martial Havel – 12/02/2019
Bonjour Martial un texte fort bien écrit sur les femmes de l’ombre et de leur vie bien sombre poème réaliste bravo
amicalement
Tellement triste et plein de réalité.