Le maître des colles – Christian Satgé

       

 Petite fable affable

Fort honnête homme et toujours affable,
Notre instituteur prisait les fables.
Il allait, un fablier en main,
Marchant et lisant comme le prêtre
Le ferait, d’aujourd’hui à demain,
D’un bréviaire… pour le paraître.
Nous aimâmes ces familiers
– La Motte, Florian, La Fontaine,… –
Auxquels des heures l’avaient lié,
Lui offrant la sagesse incertaine
D’un enseignement qui, sans façon,
Non, ne se voulait jamais leçon.

Donc, il pardonnait les certitudes
Du curé comme les habitudes
Et les attitudes de nos parents
Donnant, au long de l’an, matière
– Notre Créateur m’en soit garant ! –

 

 

À réflexion non altières
Inflexions. L’homme de valeurs
Était sage pas vain querelleur !
Et de même, il excusait au maire
Ses convictions : sa vérité
À lui n’était pas cigüe amère
Mais bons mots, adages et probité ;
Ses morales n’étaient point la Morale
De ces vieux qui, de tout las, râlent.

Devenu adulte je demandai
À mon bon maître, portant en dais
Ces cheveux blanc qui font la sagesse
« Pour quoi n’est-ce la Philosophie
Qui guida vos pas de ses largesses ?
Ou le dogme ? Ou l’idéologie ?

– Car en vrai bon-homme, je m’impose
Des règles, et des bornes me pose,
Sans obliger autrui. Ainsi
Ai-je, quoiqu’athée, la paix de l’âme
Et, sceptique au moins, me trouve aussi
Plus d’une raison de vivre, Dame !
Il faut soi-même trouver sa voie
Dans tout ce qui ici fait la sève
De nos jours car, comme tu le vois,
L’as vu et le verras, la bêtise
Est notre lot, avec la sottise !

L’apologue bien fait par maints traits
De ses lignes, est un buisson creux
Dans lequel le mérite est entré :
Le débusquer rend sage et heureux ! »

 

© Christian Satgé – février 2018

 

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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