Belle Île en mer – (Véronique Monsigny)
Belle île la traîtresse qui nous ouvrit ses bras
Nous berça de caresses aux landes de Sarah
Elle déploya pour nous ses ivoires, ses émeraudes
Posa sur nos genoux des balles de laine chaude
Le soleil attirait sur ses rochers de schiste
La mouette rieuse et le goéland triste
L’une de blanc vêtue survolant les écueils
L’autre rasant l’écume, la tête coiffée de deuil
Tandis que nous pensions quitter cette enjôleuse
Elle arma ses bastions de tempête rageuse
Pour nous garder deux jours prisonniers de son ire
Par cet excès d’amour voulut nous retenir
Le piège se resserre, l’oiseau dans son sillage
Entraîne un long cortège de vaporeux nuages
La mer guette le rocher, replie ses pattes sous elle
Elle épie le babouin comme une sentinelle
Comme un chat à l’affut, la vague fait le gros dos
Elle hérisse d’écume son pelage vert d’eau
Elle s’apprête à bondir pour franchir la falaise
Puis soudain se ravise et son geste s’apaise
L’onde s’épanouit et jette son filet
Elle s’habille d’hermine de soie finement ourlée
Son vert devient ivoire, l’écume devient flocon
Elle dompte la tempête comme la main le faucon
Elle arrache au mouton sa toison généreuse
Pour faire de l’aber une maison frileuse
Où les bateaux pourront trouver pour l’hivernage
Un abri sous le vent derrière leur bastingage
Nous quittâmes à l’aube cette île où les sirènes
Vous attirent et vous gardent éloignés de vos peines
On eut pu comme Ulysse y demeurer des ans
Mais l’époque est futile et la vie nous reprend
très belle poésie
La mer, il me semblait bien la connaître mais là j’en ai appris avec vous ce que j’ignorais d’elle et par les menus détails SVP. Je savais qu’elle pouvait être furie mais je ne l’avais jamais imaginée maline et traîtresse. J’applaudis Véronique.
“Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage !” Merci de nous avoir fait voyager, à travers cette belle poésie.
Amicalement.
Brahim.