Belle Ile en mer – Véronique Monsigny

Belle Île en mer – (Véronique Monsigny)

 

Belle île la traîtresse qui nous ouvrit ses bras

Nous berça  de caresses aux landes de Sarah

Elle déploya pour nous ses ivoires, ses émeraudes

Posa sur nos genoux des balles de laine chaude

 

Le soleil attirait sur ses rochers de schiste

La mouette rieuse et le goéland triste

L’une de blanc vêtue survolant les écueils

L’autre rasant  l’écume, la tête coiffée de deuil

 

Tandis que nous pensions quitter cette enjôleuse

Elle arma ses bastions de tempête rageuse

Pour nous garder deux jours prisonniers de son ire

Par cet excès d’amour voulut nous retenir

 

Le piège se resserre, l’oiseau dans son sillage

Entraîne un long cortège de vaporeux nuages

La mer  guette le rocher, replie ses pattes sous elle

Elle épie le babouin  comme une sentinelle

 

Comme un chat à  l’affut, la vague fait le gros dos

Elle hérisse d’écume son pelage vert d’eau

Elle s’apprête à bondir pour franchir la falaise

Puis soudain se ravise et son geste s’apaise

 

L’onde  s’épanouit et jette son filet

Elle s’habille d’hermine de soie finement ourlée

Son vert devient ivoire, l’écume devient flocon

Elle dompte la tempête comme la main le faucon

 

Elle arrache au mouton sa toison généreuse

Pour  faire de l’aber une maison frileuse

Où les bateaux pourront trouver pour l’hivernage

Un abri sous le vent derrière leur bastingage

 

Nous quittâmes à l’aube cette île où les sirènes

Vous attirent et vous gardent éloignés de vos peines

On eut pu comme Ulysse y demeurer des ans

Mais l’époque est futile et la vie nous reprend

 

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Véronique Monsigny

Véronique Monsigny (204)

J'ai commencé à écrire des poèmes à l'âge de 60 ans. Ce n'est pas moi qui les ai cherchés, ils se sont imposés à moi comme une bouffée d'air pur au moment de la retraite. Enfin laisser parler les mots qui dorment en moi !
J'ai lu Victor Hugo et Lamartine à l'adolescence, puis Aragon et Baudelaire un peu plus tard. Brassens a bercé mon enfance. Ils m'ont appris à rimer en alexandrins.
Le virus était en moi. Il y a sommeillé le temps de travailler, d'élever mes enfants, de taire mes maux pour mieux m'occuper de ceux des autres.
Et voilà le flot de mes rimes sur lesquels je navigue aujourd'hui, au gré des jours bons ou moins bons. Ils me bercent, ils m'apaisent... je vous en offre l'écume du jour.

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alcaraz emmanuel
alcaraz emmanuel
Invité
11 novembre 2015 8 h 42 min

très belle poésie

Abid Hmida
Membre
10 novembre 2015 22 h 24 min

La mer, il me semblait bien la connaître mais là j’en ai appris avec vous ce que j’ignorais d’elle et par les menus détails SVP. Je savais qu’elle pouvait être furie mais je ne l’avais jamais imaginée maline et traîtresse. J’applaudis Véronique.

Brahim
Invité
10 novembre 2015 16 h 34 min

“Heureux qui comme Ulysse a fait un long voyage !” Merci de nous avoir fait voyager, à travers cette belle poésie.

Amicalement.

Brahim.