Trêve – véronique Royer

Rester là
A ne rien faire…

Attendre sans culpabilité, sans désirs
guetter patiemment l’idée comme on attend l’orage
dans la moiteur
immobile et attentif au moindre souffle, au moindre son,
Ecouter l’autre versant des choses

Guetter l’éclair qui va libérer le cri
le cri qui va libérer les larmes
la rage et la révolte qui se muent en tristesse

Goûter l’ivresse du vide
les variations du vertige
la tentation de l’ombre
où je me vois errer
seule,
sans illusions,
dans la lenteur du vivre,
belle,
figée dans une paresse statuaire.

Rester là et se taire
n’ayant plus rien à dire

Rester là
S’abandonner à la fragilité
et surtout la chérir
Vulnérable et fatale beauté si mal aimée
si mal menée
vider la lie, liqueur tenace, fiel des prédateurs
toujours aux aguets .

Et dormir,
comme on s’enfonce lourdement
dans une nuit d’opium,
sans rêves sans avenir

Et quand les maux cherchent une issue
parce que le corps l’exige
parce que la chair s’étire
et qu’au bout des doigts
le coeur se soulève,
nauséeux

écrire …

écrire comme on transpire la fièvre
comme on soupire après l’amour
écrire
pour personne

Ne pas se laisser distraire
Rester là et se taire

Derrière  la vitre opaque
la nuit hurle
de milliers de silences anonymes
et les couleurs, de tant de fièvres,
au petit jour crèvent
comme des bulles de savon

Les murs sont si hauts
le ciel si bas
les trêves si courtes

mais si nécessaires….

écrire pour ne pas fléchir

Parce-qu’il est encore temps !

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Invité
25 octobre 2018 21 h 51 min

Écrire, dire, toucher lorsque les images s’accumulent en mirages.
Merci d’avoir exprimé un monde qui m’est si familier sans pouvoir le faire moi-même.