Les demoiselles et le chef.
Il pénètre dans son royaume
Comme on entre dans les ordres.
Il connaît les gestes par cœur
L’émotion est là, au bout de ses doigts.
Comme un pianiste, il va jouer sa partition
Diriger par son âme assûrément
Même le silence, s’est tu.
L’homme choisi, une assiette aux formes arrondies
Il la dépose délicatement
Comme il le ferait avec une femme.
Il sait, que c’est elle et pas une autre ;
Le mariage sera parfait.
Du bout de ses doigts
Il effleure le bord de l’assiette
Ses yeux lapis lazuli imaginent ce qu’il sait déjà.
Une crème aux petit pois, menthe, huile d’olive
Attend patiemment son heure
Elle va enfin dévoiler tous ses talents, tout son art à lui.
Le Maître a le geste précis, sans aucune hésitation
Comme un tableau de la renaissance
Le vert d’absinthe, verse sa larme sur l’immaculée blancheur
D’une base, où vont naître des plaisirs certains ;
La symphonie se met en marche
Les demoiselles langoustines attendent
Elles sont prêtes, pour une ultime représentation
Où la faim sera par fête.
Le chef, les déposent subtilement
Nettoyant leurs robes, du bout d’un pinceau imaginaire.
Le mariage avec la crème de petit-pois
Ne se fera pas dans l’immédiat.
Il est inconcevable, que les couleurs fusionnent
Et se ternissent, salissant la robe de ces jolies demoiselles.
L’union se fera plus tard, dans un palais aux mille papilles
Où les saveurs exploseront dans un bouquet final.
Quelques feuilles de mesclun se collent aux jolies demoiselles.
Le maestro dépose de la dentelle de courgette
Dans le creux de sa main, il les sculptent
Comme des cathédrales, elles se dressent
Donnant de l’amplitude et du relief, à ce plat d’exception
Dans une chimie électrique.
Le chef d’orchestre va peaufiner son œuvre
Il déposera le diadème de mousseline
Sur la tête de ses jolies demoiselles.
L’espuma au goût d’anis, fera pâlir de jalousie
La crème au vert d’absinthe.
Quelques petits-pois, se promèneront
De-ci delà, suivis de très près, par quelques feuilles estragon
En manque de saveur.
Ce plaisir éphémère sera goûté par un fin gourmet
Et non par le chef, on ne peut être à la fois, juge et partie.
Ces demoiselles seront dégustées
Comme il se doit, avec le respect qui leur est dû.
Elles ne pouvaient pas avoir plus belle faim,
Ceci valait bien cela.
Ce n’est pas légion de terminer aussi bien ;
J’aurais aimé être cette demoiselle
Et finir sous les mains de ce chef….
Quelle! Magie de muse, quelle! Métaphore et qu’elle! Beauté dans une texture culinaire succulente bravo mon amie
douce nuit Anne
Mes amitiés
Fattoum.
“. La table est le seul endroit où l’on ne s’ennuie jamais pendant la première heure.”…s’il pouvait en être pareil au lit !
Merci Anne pour cet étonnnant texte culinaire
j’ai apprécié
Tu devrais, si parisienne, te rendre chez Hisa Takeushi (kaiseki.com)
c’est un ami, Maître Cuisinier, tu vas adorer!
(j’ai rectifié certaines fautes )
Bise
Oliver