L’amour entre des langoustines est le chef gastronomique – Anne Cailloux

Les demoiselles et le chef.

 

Il pénètre dans son royaume

Comme on entre dans les ordres.

 

Il connaît les gestes par cœur

L’émotion est là, au bout de ses doigts.

Comme un pianiste, il va jouer sa partition

Diriger par son âme assûrément

Même le silence, s’est tu.

 

L’homme choisi, une assiette aux formes arrondies

Il la dépose délicatement

Comme il le ferait avec une femme.

Il sait, que c’est elle et pas une autre ;

Le mariage sera parfait.

 

Du bout de ses doigts

Il effleure le bord de l’assiette

Ses yeux lapis lazuli imaginent ce qu’il sait déjà.

Une crème aux  petit pois, menthe, huile d’olive

Attend patiemment son heure

Elle va enfin dévoiler tous ses talents, tout son art à lui.

 

Le Maître a le geste précis, sans aucune hésitation

Comme un tableau de la renaissance

 

Le vert d’absinthe, verse sa larme sur l’immaculée blancheur

D’une base, où vont naître des plaisirs certains ;

La symphonie se met en marche

Les demoiselles langoustines attendent

Elles sont prêtes, pour une ultime représentation

Où la faim sera par fête.

 

Le chef, les déposent subtilement

Nettoyant leurs robes, du bout d’un pinceau imaginaire.

Le mariage avec la crème de petit-pois

Ne se fera pas dans l’immédiat.

Il est inconcevable, que les couleurs fusionnent

Et se ternissent, salissant la robe de ces jolies demoiselles.

L’union se fera plus tard, dans un palais aux mille papilles

Où les saveurs exploseront dans un bouquet final.

 

Quelques feuilles de mesclun se collent aux jolies demoiselles.

Le maestro dépose de la dentelle de courgette

Dans le creux de sa main, il les sculptent

Comme des cathédrales, elles se dressent

Donnant de l’amplitude et du relief, à ce plat d’exception

Dans une chimie électrique.

 

Le chef d’orchestre va peaufiner son œuvre

Il déposera le diadème de mousseline

Sur la tête de ses jolies demoiselles.

 

L’espuma au goût d’anis, fera pâlir de jalousie

La crème au vert d’absinthe.

 

Quelques petits-pois, se promèneront

De-ci delà, suivis de très près, par quelques feuilles estragon

En manque de saveur.

 

Ce plaisir éphémère sera goûté par un fin gourmet

Et non par le chef, on ne peut  être à la fois, juge et partie.

 

Ces demoiselles seront dégustées

Comme il se doit, avec le respect qui leur est dû.

Elles ne pouvaient pas avoir plus belle faim,

Ceci valait bien cela.

 

Ce n’est pas légion de terminer aussi bien ;

J’aurais aimé être cette demoiselle 

Et finir sous les mains de ce chef….

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Anne Cailloux

Anne Cailloux (339)

Depuis ma naissance, je fus autodidacte et trop rêveuse.Spécialiste dans l'art thérapie et les maladies neurodégénératives, j’essaie de retenir le temps des autres et du mien.. Quelques diplômes, une passion pour l'art et les poètes. J'ose dormir avec Baudelaire.Je suis une obsédée textuelle . Je peins, je crée et maintenant j’écris. Je remets cent fois mon ouvrage pour me corriger. De quinze fautes par lignes je suis passée à quinze lignes pour une faute... Deux livres en préparation et peut-être un recueil de poèmes, si Dieu veut.Anne
Je suis une junky des mots..

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5 Commentaires
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Invité
11 mai 2018 0 h 16 min

Quelle! Magie de muse, quelle! Métaphore et qu’elle! Beauté dans une texture culinaire succulente bravo mon amie
douce nuit Anne
Mes amitiés
Fattoum.

LOUPZEN
LOUPZEN
Invité
10 mai 2018 7 h 24 min

“. La table est le seul endroit où l’on ne s’ennuie jamais pendant la première heure.”…s’il pouvait en être pareil au lit !

O Delloly
Membre
3 juillet 2017 17 h 57 min

Merci Anne pour cet étonnnant texte culinaire
j’ai apprécié

Tu devrais, si parisienne, te rendre chez Hisa Takeushi (kaiseki.com)
c’est un ami, Maître Cuisinier, tu vas adorer!

(j’ai rectifié certaines fautes )

Bise
Oliver