L’automne 2018 – Daniel Marcellin-Gros

L’automne 28/11/2018

 

Comme un être asthmatique cherchant un second souffle,

L’automne anémié n’est plus un cœur à prendre,

 Orgueilleux, il voudrait qu’un brouillard le camoufle,

Et garder sur son dos la tunique qu’il doit rendre,

A la mère nature qui jà l’en dépossède!

 

Or, il n’a pas fini de lui faire des courbettes

Car insidieusement il voudrait qu’elle lui cède,

Afin qu’elle lui redonne une allure coquette!

 

En guise de réponse à sa pieuse requête,

Sa mère nourricière le noie sous les averses,

De sorte que les arbres ne dressent plus la tête,

Et ploient en gémissant sous les bises perverses!

 

Au loin le son du cor fait écho à leurs plaintes,

Obligeant un grand cerf à fuir devant la meute

La bête effrayée tente de vaines feintes,

Le tonnerre des fusils gronde comme une émeute!

 

Les oiseaux migrateurs se forment en escadrilles,

Ils redoutent l’hiver qui lentement approche,

Obligeant bien des gueux, pieds nus et en guenilles

A chercher un abri sous les ponts les plus proches!

 

Ce tableau pitoyable sonne comme un reproche,

Envers la société qui feint de ne rien voir

Mais donne aux plus aisés, à se remplir les poches,

Des fortunes indues qu’ils trouvent méritoires!

 

Des couvées de printemps, ne restent que les nids,

Que le vent capricieux a jeté dans la fange,

A force de bourrasques il les a dégarnis

De leur duvet et plumes volant comme des anges!

 

Automne quand tu reviens, revient ma lassitude,

 Je reste indifférent à tes couleurs diaprées,

Même quand tes oiseaux chantent des interludes,

Tu n’emplis plus mes rêves, comme aux belles vesprées!

 

Pourtant, par habitude, je vais fouler tes bois,

M’assoupir un instant aux grumes des clairières,

Et pour te respecter, comme chacun le doit,

De mes humbles sabots je secoue la poussière!

 

Mes longues randonnées dont j’étais le fervent,

S’amenuisent chaque jour comme un pleur de chandelle,

Et si je me promène les cheveux dans le vent,

C’est pour franchir en moi d’imprenables citadelles!

 

Quand un pâle soleil jette un rayon sur moi

Je joue d’un mimétisme concordant avec lui,

Et, cette ressemblance me procure de l’émoi,

Tout comme à la rosière confuse d’un premier prix!

 

Comme un voleur zélé pouvant marcher sans bruit,

Le temps emporte tout dans sa grande besace,

Qu’il déverse crûment au tombeau de l’oubli,

Tout comme un éboueur d’ordures vous débarrasse!

 

Les automnes les plus beaux sont ceux de la jeunesse,

Quand tout échevelés on conquiert maints royaumes,

Que ce soient des soubrettes, que ce soient des faunesses,

L’important est que ces fleurs gracieuses nous embaument!

 

A peine ont-elles vécu, que les roses se fanent,

Et, nous faisons comme elles à force de vieillir,

On croit connaître la vie mais on est profanes,

Les derniers chrysanthèmes seront âpres à cueillir!

 

Je voudrais voir encor voler les Alcyons,

Ces oiseaux fabuleux porteurs de doux présages,

Qui sauraient repousser les furieux Aquilons

Dont l’âme irascible rode dans les parages!

 

Qu’Eole dans sa bonté dépêche un doux Zéphire,

Qui saurait apaiser la colère des Dieux,

Et prolonger l’automne sur le point de périr,

Avant qu’il se décide à nous dire adieu!

 

L’automne va bientôt changer sa garde-robes,

Et, hagard endosser le manteau de l’hiver,

Il a des soubresauts, vainement se dérobe,

Puis va se réfugier parmi les sapins verts!

 

C’est ainsi que la punition lui est moins rude,

Il titube pourtant et marche de travers,

Tel un homme éméché fier de son hébétude

Qui pour ne pas tomber se cramponne aux barrières!

 

©L’automne 2018 – Daniel Marcellin-Gros

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