Lana Turner (1921 – 1995) – André Nolat

LANA TURNER (1921 – 1995) – ANDRE NOLAT

 

LANA TURNER (1921-1995) – ANDRÉ NOLAT

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Lana Turner est restée célèbre à plus d’un titre : sa beauté dorée qui ensoleillait les studios, son palmarès d’actrice parmi les plus rentables de la MGM, et sa place singulière dans la légende hollywoodienne. Mariée sept fois, elle fut aussi, malgré elle, la vedette d’un fait-divers tragique : le meurtre de Johnny Stompanato, son amant.

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Julia Joan Turner naît dans l’Idaho en 1921. Sa vie commence mal puisque, en 1929, son père est assassiné – on ne sait pas trop pourquoi – à San Francisco où il avait trouvé un emploi de docker. Placée dans une école religieuse, elle rejoint ensuite sa mère qui travaille dans un salon de beauté à Los Angeles. C’est là qu’elle est remarquée par un journaliste qui lui conseille de faire du cinéma alors qu’elle suit des cours de dactylographie. Elle se présente dans une agence où elle devient figurante jusqu’à sa rencontre avec le metteur en scène Mervyn LeRoy. Celui-ci, très célèbre à l’époque (grâce, entre autres, au Petit César, 1930 et à Je suis un évadé, 1932), amateur de jolies femmes et découvreur de talent, lui propose un petit rôle dans La Ville gronde (1937), un bon film où elle incarne une adolescente qui est assassinée. Formée par la MGM, elle s’appelle désormais Lana et reçoit le surnom de « Sweater Girl » en raison de ses pulls très ajustés et très affriolants. Elle apparaît alors dans de très nombreux films dont Johnny Eager dirigé par le même Mervyn LeRoy en 1942. Mais la consécration lui viendra avec le rôle de Cora dans le splendide film noir de Tay Garnett, Le Facteur sonne toujours deux fois (1946), une adaptation du roman de James Cain. Trois ans auparavant, elle avait mis au monde une fille : Cheryl, née de son second mariage avec Steve Crane.

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Vedette confirmée, elle joue dans des films importants, parmi lesquels Le Pays du Dauphin Vert (Victor Saville, 1947), Les Trois mousquetaires (Georges Sidney, 1948) où elle est une Milady tout à fait convaincante, La Veuve joyeuse (Curtis Bernhardt, 1952), Les Ensorcelés (Vincente Minnelli, 1953), un excellent film qui reçut cinq Oscars, Le Renard des océans (John Farrow, 1955), La Mousson (Jean Négulesco, 1955), Peyton Place (Mark Robson, 1957). Agée de 36 ans, elle est au sommet de sa gloire quand elle est précipitée dans une réalité dramatique.

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Lana, qui vient de divorcer de son quatrième mari, Lex Barker, Tarzan au cinéma, devient la maîtresse de Johnny Stompanato. Ce petit truand italo-américain – homme de main de Mickey Cohen qui a pris du poids à Los Angeles grâce à l’amitié du mafioso Benjamin (Bugsy) Siegel – s’est spécialisé dans les femmes riches qu’il séduit, affole et, ensuite, fait chanter. Mais il s’est épris de Lana qui veut le quitter car il la brutalise et qu’elle en a peur. Le 4 avril 1958, alors qu’éclate une scène plus violente encore que les autres, Cheryl, comprenant que la vie de sa mère est en jeu, entre dans la pièce et poignarde Stompanato avec un couteau de cuisine. Il meurt une heure plus tard. C’est du moins la version officielle qui vaudra, à Cheryl, âgée de 15 ans, un acquittement. Des journalistes et des amis de Stompanato affirment qu’elle a endossé l’acte de sa mère sachant qu’elle serait pardonnée… En fait, nul ne saura jamais, hormis les deux femmes, ce qui s’est réellement passé.

Le scandale est énorme. (Il fera l’objet d’une péripétie du roman de James Ellroy, L. A. Confidential, 1990, porté à l’écran en 1997 par Curtis Hanson.) Pourtant, Mirage de la vie (Douglas Sirk, 1959) permet à Lana Turner, qui a quitté la MGM pour Universal, de refaire surface, car le film connaît un succès immense. Elle tournera encore quelques films convenables, mais l’alcool la détruit peu à peu et elle mourra, victime d’un cancer de la gorge, le 29 juin 1995.

Quoi qu’il en soit, Lana Turner reste dans mon cœur pour sa beauté et son talent, et, surtout, parce que la meilleure de mes amies, morte de la même maladie, lui ressemblait physiquement beaucoup telle qu’elle fut passé trente ans.

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Guy André Talon

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J'ai publié, chez de petits éditeurs sérieux et en autoédition avec souscription, sous le pseudonyme d'André Nolat (que je tiens à conserver), des plaquettes, des nouvelles, des chroniques, des essais. Je ne m'en prévaux guère.
Par ailleurs, je vis seul depuis le décès de ma compagne, et j'aime lire, écrire, voir des films, des débats télévisés, etc.
Quant à ma vie passée, plus agitée, elle a fait l'objet de divers récits liés à des lieux où j'ai vécu - presque tous détruits ou métamorphosés... C'est pourquoi à partir d'un certain moment de son parcours, je crois qu'on peut dire, citant Céline, " qu'on est plus qu'un vieux réverbère à souvenirs au coin d'une rue où il ne passe déjà presque plus personne."

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