Voyage à travers la poésie – André Nolat

La poésie est le chant de la culture, laquelle créée des formes qui échappent à la mort.

 

Ce voyage commence par des vers de Villon  (« La ballade des pendus »)

Frères humains qui après nous vivez,
N’ayez vos cœurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous merci.

Puis viennent des vers de Ronsard  (« Cueillez dès aujourd’hui les roses de la vie »)

Cueillez, cueillez votre jeunesse :
Comme à cette fleur, la vieillesse
Fera ternir votre beauté.

Et des vers de La Fontaine  (« Le loup et l’agneau »)

Et je sais que de moi tu médis l’an passé.
– Comment l’aurais-je fait si je n’étais pas né ?
Reprit l’Agneau, je tète encor ma mère.
– Si ce n’est toi, c’est donc ton frère.

Puis ceux de Hugo (« L’expiation »)

Il neigeait. On était vaincu par sa conquête.
Pour la première fois l’aigle baissait la tête.
Sombres jours ! l’empereur revenait lentement,
Laissant derrière lui brûler Moscou fumant.

Et des vers de Nerval (« El Desdichado »)

Je suis le ténébreux – le veuf – l’inconsolé,
Le prince d’Aquitaine à la tour abolie :
Ma seule Étoile est morte, – et mon luth constellé
Porte le Soleil noir de la Mélancolie.

Puis ceux de Baudelaire (« Les phares »)

Watteau, ce carnaval où bien des cœurs illustres
Comme des papillons, errent en flamboyant
Décors frais et légers éclairés par des lustres
Qui versent la folie à ce bal tournoyant

Et des vers de Heredia   (« Les conquérants »)

Ils allaient conquérir le fabuleux métal
Que Cipango mûrit dans ses mines lointaines,
Et les vents alizés inclinaient leurs antennes
Aux bords mystérieux du monde occidental.

Puis ceux de Verlaine (« Langueur »)

Je suis l’Empire à la fin de la décadence,
Qui regarde passer les grands Barbares blancs
En composant des acrostiches indolents
D’un style d’or où la langueur du soleil danse.

Et des vers de Rimbaud   (« Roman »)

Nuit de juin ! Dix-sept ans ! – On se laisse griser.
La sève est du champagne et vous monte à la tête…
On divague ; on se sent aux lèvres un baiser
Qui palpite là, comme une petite bête…

Puis des vers de Banville (« Le saut du tremplin »)

Enfin, de son vil échafaud,
Le clown sauta si haut, si haut
Qu’il creva le plafond de toiles
Au son du cor et du tambour,
Et, le cœur dévoré d’amour,
Alla rouler dans les étoiles.

Et ceux d’Apollinaire (« La chanson du mal aimé »)

Mon beau navire ô ma mémoire
Avons-nous assez navigué
Dans une onde mauvaise à boire
Avons-nous assez divagué
De la belle aube au triste soir

(À SUIVRE)

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Guy André Talon

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J'ai publié, chez de petits éditeurs sérieux et en autoédition avec souscription, sous le pseudonyme d'André Nolat (que je tiens à conserver), des plaquettes, des nouvelles, des chroniques, des essais. Je ne m'en prévaux guère.
Par ailleurs, je vis seul depuis le décès de ma compagne, et j'aime lire, écrire, voir des films, des débats télévisés, etc.
Quant à ma vie passée, plus agitée, elle a fait l'objet de divers récits liés à des lieux où j'ai vécu - presque tous détruits ou métamorphosés... C'est pourquoi à partir d'un certain moment de son parcours, je crois qu'on peut dire, citant Céline, " qu'on est plus qu'un vieux réverbère à souvenirs au coin d'une rue où il ne passe déjà presque plus personne."

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4 Commentaires
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Brahim Boumedien
Membre
2 janvier 2024 19 h 27 min

Merci pour ce bouquet poétique. Bonne année !

Plume de Poète
Administrateur
2 janvier 2024 17 h 07 min

Merci André pour ce beau florilège poétique qui ouvre avec splendeur cette nouvelle année.
Je profite de l’occasion pour vous la souhaiter bonne avec un florilège de joie, de bonheur, de paix et surtout de santé.
Bonne continuation c’est toujours un plaisir de vous lire.
Alain