À propos de quelques chansons – André Nolat
On parle beaucoup ces temps-ci de la chanteuse Aya Nakamura, une belle franco-malienne (et une jeune maman) dont le succès est incontestable. De sa voix, je ne dirai rien, car pour l’instant c’est une chanteuse dans la lignée des rappeurs dont je ne sais à peu près rien[1]. Quant à la fameuse chanson « Djadja », elle ne me plaît pas beaucoup. La narratrice se plaint d’un menteur (Djadja) qui se vante de l’avoir “eue” dans une position (« en catchana ») célèbre et expérimentée depuis la nuit des temps sur un mode animal. Le tout dans une langue volontairement désinvolte, agrémentée de termes, plus ou moins originaux, de l’argot des quartiers réservés d’aujourd’hui. On est loin des poèmes mis en musique par Brassens, par Ferré ou Ferrat. Mais qu’importe, elle a trouvé son public, elle l’a conquis. Tant mieux pour elle, qui trouvera ses paroliers comme Joséphine Baker trouva les siens.
Mais voici que M. Macron qui ne manque pas une occasion de se singulariser a décidé de la faire chanter pour célébrer l’ouverture des Jeux olympiques. Heureusement, la fine mouche a choisi d’interpréter une chanson d’Édith Piaf, pour moi la plus grande chanteuse française de variétés du XXe siècle. « La Vie en rose », sans doute. Ce n’est pas une chanson compliquée. Elle peut très bien s’en sortir. En aurait-il été de même, s’il s’était agi de « L’accordéoniste », de « Padam, Padam » ou de « Milord[2] », cette merveilleuse chanson de Georges Moustaki sur une musique de Marguerite Monnot. (Rimes riches, rimes à l’hémistiche (« Pourtant je vous ai frôlé quand vous passiez hier/ Vous n’étiez pas peu fier… »), images subtiles : « Je ne suis qu’une fille du port, une ombre de la rue » ; « Vos peines sur mon cœur et vos pieds sur une chaise ». Tout ce qu’une fille des rues peut trouver pour faire entrer ce milord en détresse dans son petit royaume de la nuit, pour lui réchauffer le cœur.)
C’est à voir.
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[1] . Hormis quelques paroles. Mais, Blancs ou Noirs, tous sont des chanteurs. Parmi ces derniers, j’aime Joséphine Baker, Léna Horne (« Stormy Weather »), Les Platters (merveilleux groupe), Ella Fitzgerald (« Blue Moon »), Nat King Cole…
[2].- Qui, de toute façon, n’étaient pas adaptées à la circonstance.
Bonjour
Je suis comme vous plutôt « allergique »
à ce genre. Une chanteuse, si on peut appeler chanteuse. Pour moi, une chanteuse devrait raconter une histoire , en quelque sorte un poème. Et je ne retrouve rien de tout cela dans cette personne.
Par contre je suis d’accord pour dire que dans le rap on peut y trouver des pépites en faisant abstraction des vulgarités
Je me réjouis qu’on ne le lui ai pas demandé d’interpréter Ne m’appelez plus jamais France (chanté par Michel Sardou) !