RENCONTRE
Robe de soirée, épaules nues, collier étincelant.
A l’écart, plus très sûr de moi, mon regard cherche à capter celui de l’hôtesse de cette maison. Je remarque à l’attitude de ces messieurs que je ne suis pas le seul à le vouloir.
J’ai peur, oui j’ai très peur que ses yeux s’arrêtent dans ceux d’un homme qui lui aurait plu. D’un bel Apollon au regard ténébreux, d’un beau blond aux yeux bleus.
D’un grand où elle devinerait à travers ses vêtements un corps athlétique qui dégagerait charme et virilité.
Robe d’or, épaules blanches, émeraudes et rubis.
Moi, oh je n’ai que mes mots à poser sur l’autre plateau de la balance; penchera-t-elle en ma faveur ?
Fébrile, à mesure que je m’avance vers toi Princesse, mes paroles de poète bien apprises se perdent dans le trouble de l’émoi qui commence en m’envahir.
Tu ne me connais qu’à travers mes écrits, sauras-tu me reconnaître par mon simple regard ?
Parlera-t-il pour moi si aucun son ne sort de ma bouche ?
Dans ta robe de soirée où es tu, il y a foule autour de toi. Les hommes ont l’air de croque-morts dans leurs lugubres habits couleur corbeau. Un cercle c’est formé et je ne t’aperçois plus.
Je dois jouer des coudes pour me frayer un passage parmi tous ces gens… Pardon… Pardon Mesdames… Oui parce que messieurs, allez voir ailleurs si j’y suis !
Non, tu n’accordes pas plus d’importance à un homme qu’à un autre. Tu leur souris, leur réponds poliment.
Tu as envers ces Dames la même attitude gracieuse. Le Monde gravite autour de toi en cette inoubliable soirée.
Vraiment je n’ai pas l’air malin planté là devant toi, ayant tout oublié de mes belles paroles et muet comme une carpe.
Épaules blanches…
Comme dans un rêve, tes yeux se sont figés dans les miens…
Nos bras se tendent…
Nos mains se joignent…
Le temps s’arrête.
Bravo. C’était pas gagné..
oh c’est beau quand deux coeurs se reconnaissent sans se connaitre !!