Nous allons prolonger notre réflexion initiée par la précédente minute philosophique qui présentait en deux mots le fameux argument ontologique du Docteur Magnifique.
On a longtemps parlé non seulement d’argument mais de preuve. Je préfère adopter le vocable du Docteur Angélique Thomas d’Aquin et parler de voies. Les voies ou chemins de pensée de ce que l’on appelle, en philosophie, la raison naturelle, celle qui ne s’appuie sur aucune Révélation religieuse.
A celle d’Anselme de Cantorbéry, on ajoutera la voie cosmologique et la voie téléonomique, termes que je vous expliquerai le moment venu.
La voie cosmologique s’appuie sur l’existence et le développement de l’univers, cosmos en grec. Que l’on valide ou nous la théorie du Big Bang, mille preuves nous laissent constater que notre univers a connu une naissance. Les latinistes le diraient issu ex nihilo, de ce Rien originel de la question philosophique de la précédent minute La question du pourquoi devient ici celle du comment et plus précisément du « par qui » est-on passé du rien à ce quelque chose devenu notre univers ? Johnny Halliday serait le premier à répondre qu’il a bien fallu quelqu’un pour allumer le feu. Même si les briquets étaient passés de mains en mains comme à la fin de ses concerts ; on ne peut remonter indéfiniment jusqu’à l’allumeur originel. Quel que soit le nom qu’on lui attribue, l’existence de l’univers atteste de son existence. En ce sens, Voltaire parle du grand horloger en ces mots :« L’univers ? Je ne puis songer que cette horloge existe et n’ait pas d’horloger. ».
Cette seconde voie nous conduit directement à la troisième celle que l’on nomme la voie téléonomique, à savoir celle reposant sur la découverte d’une intelligence directionnelle dans la matière. Thomas d’Aquin avait mis en évidence l’existence d’un projet sur cet univers, projet renvoyant au sagittaire, à l’archer non seulement originel, mais de chaque chapitre du développement de l’univers. Cette évidence a été étayée par la théorie de l’information au XXe siècle. Toute la matière est une empreinte contenant un programme spécifique de développement ne pouvant résulter que d’un programmateur.
Einstein pensait que le développement de l’astrophysique et de la physique quantique allait lui permettre de ranger au placard la question de l’existence de ce grand horloger, mais la nature l’a conduit à l’inverse et il a dû poser sa conclusion : l’univers, de l’infiniment petit à l’infiniment grand, est réglé sur une unique formule, une éternelle et omniprésente loi :
E =MC2.
La réponse à la question initiale devient une évidence : pourquoi y a-t-il quelque chose plutôt que rien ? Derrière ce quelque chose qu’est le Tout de l’univers et au-delà de ce Rien, il y aurait quelqu’un !