« L’écossais »
Tu étais de ces jeunes minots
Que les jeunettes trouvent beau
Athlétique, Brun aux yeux bleus
Ta beauté faisait des envieux
Moi j’étais blond et pompiers
L’on s’était connu sur les chantiers
On y taffait pour le même entrepreneur
Nous étions tous deux couvreurs Bardeurs
Je t’ai invité à prendre l’apéro à la maison
L’on a entamé bien des sujets de conversation
On a tenté de refaire le monde à notre façon
Sur bon nombre de sujets nous étions en adéquation
Tu venais bosser tous les matins en bécane
En déboulant à toute vitesse dans la chicane
Je te disais tout le temps « tu finiras par te tuer »
« Si tu continues à rouler comme un cinglé »
Nos chemins se sont séparés, tu es resté à taffer
Tu t’es rangé et tu as eu un jeune bébé
J’ai du partir et me reconvertir à un autre métier
Deux hernies discales m’avaient disqualifiée
Ayant toujours ma place au sein des pompiers
Non sans avoir usé de subtilité pour y rester
Me voilà déclenché sur une inter, qu’on appelle un AVP
Message Sélectif : Accident : moto et VL impliqué
Arrivé sur les lieux, personne en VL juste choquée
Pour le motard, la ventilation et le cœur sont en arrêt
Mes collègues et moi commençons la réanimation
Pendant plus d’une heure nous alternons les positions
La victime sera à plusieurs reprises « Choquée »
En présence du SMUR, les secours médicalisés
Le médecin déclare finalement la personne décédée
Nous nous la couvrons pour préserver son intégrité
Et cacher son coté de visage tuméfié et ensanglanté
En attendant que les pompes funèbres soit arrivées
Puis l’on me demande de chercher des pièces d’identité
Afin que nos supérieurs remplissent le rapport d’intervention
Pour cela nous tournons jeune homme sur le coté
Se présenta à moi, la moitié de visage non tuméfiée, ensanglantée
Je reconnais de suite « l’écossais », Monsieur Cuttb..son
A la vue de ce corps inerte, je suis devenu livide
Le corps transi d’effroi , la vie me semblait insipide
Il m’a fallut bien du temps pour recouvrer tous mes esprits
Je venais de perdre « L’écossais », mon pote Dany
Tu étais né dans une bourgade écossaise
Arrivé jeune avec ta mère pour vivre à la française
Ton père était resté au pays des highlanders
Cette culture écossaise à la fois brave et fière
Qui montrait son cul à la bourgeoisie anglaise
Sur les champs de bataille chargés de sang et de glaise
Quand tu avais trop abusé du whisky
La mort prématuré de ton frère ainé te posait souci
Accidenté de la route, il avait été lui aussi
Tu prétendais avec ferveur
Que tu ne tarderais pas à le rejoindre au firmament
Culpabilité d’être resté vivant
Ou prémonition d’une mort annoncée
Bien souvent la question je me suis posée
Tu reposes désormais au coté de ton frère ainé
Sacré putain de destiné qui vous a été réservée
A peine plus de vingt ans quand la mort vous a fauchée
Comme des cons, nous sommes tous restés plantés
Je te disais tout le temps « tu finiras par te tuer »
« Si tu continues à rouler comme un cinglé »
Pendant bien longtemps, cette déclaration
Pourtant pavée de bonnes intentions
A mis dans mon esprit un sentiment de culpabilité
Sur la stèle de ta pierre tombale
L’on aperçoit de loin
L’étendard de ton écosse natale
Tu t’appelais Dany Cuttb..son
En moi ton nom encore raisonne
Mais l’on te surnommé « L’écossais »
Culture et pays que tu arborais avec fierté
Même si tu étais devenu français
J-S