Cycle historique À l’heure où dame la Lune bombe son ventre, Le dos courbatu et les bras brisés, je rentre Enfin prendre quelque repos bien mérité. Défait, cassé, fourbu, je fonce m’aliter : Au mépris de la faim qui m’étreint, je m’abats De tout mon long, de tout mon poids, sur le grabat Quand, sous ma fenêtre, se glisse une lanterne. Résonne aussitôt sur les pavés silencieux : « Il est dix heures par la ville et ses poternes ! » C’est le veilleur qui hurle et rajoute, spécieux : « Dormez en paix, bourgeois et autres bonnes gens : Du marchand de sable, je suis un bon agent ! » Les cris de ce dindon qui, nuitamment, se paonne Me mettent, sur le champ, le roupillon en panne. Je tourne, et retourne, dans mon lit brouillonné ; J’ai l’œil rouge et hagard, l’esprit tout chiffonné. Mais, les heures passant, la torpeur me reprend… Délicatement, dans ses bras, Morphée me prend Quand, sous ma fenêtre, s’avance une lanterne. Résonne aussitôt sur les pavés silencieux : « Il est minuit dix par la ville et ses poternes ! » Encore ce veilleur qui meugle sous les cieux : « Dormez en paix, bourgeois, bonnes et braves gens : Les archers préservent vot’ sommeil, vot’ argent ! » | Le guet fait défiler sa patrouille en cohorte – Et au pas cadencé ! – juste devant ma porte Piétinant le somme que j’ai imprudemment Commencé depuis peu, répit d’un bref moment Volé à l’insomnie et aux bruits de la nuit… Tard, à bout de tout, ma paupière vainc l’ennui Quand, sous ma fenêtre, circule une lanterne. Résonne aussitôt sur les pavés silencieux : « Il est deux heures par la ville et ses poternes ! » C’est toujours ce veilleur qui me beugle, insoucieux. « Dormez en paix, bourgeois et autres bonnes gens : Le contingent, pour vous, est toujours diligent ! » À bout de nerfs, je lui balance drap, chaussure, Chat, pot de chambre et plats. Une chose est bien sûre : C’est un vrai supplice !… Quel être survivrait Au fracas tracassier de cet âne qui braie ? Me voilà renfrogné, et plus encore à cran… Puis, abattu, enfin, je m’endors en sacrant Quand, sous ma fenêtre, repasse une lanterne. Résonne aussitôt sur les pavés silencieux : « Il est quatre heures par la ville et ses poternes ! » Maudit soit ce veilleur qui gueule, sentencieux : « Dormez en paix, bourgeois, bonnes et braves gens : Calme et repos, votre sergent va protégeant ! » Plus exténué que jamais, la somnolence Qui me venait, tout à l’heure, ne me relance Qu’avec l’épuisement tardif de mon sommier. Qui dit que les veilleurs nous quittent les premiers ? Mais ma quiétude est brisée, ô fin du fin, Par la relève du guet qui arrive enfin… Or, à ma fenêtre, point une lueur terne ; Déjà tonitruent, sur les pavés, les essieux… Il est six heures et je suis plus blanc qu’une sterne. Tu as enfin fini, gardien bien malicieux, Ton nocturne labeur d’appels désobligeants, Ce tapage incessant qui me fait rageant… Or, comme le jour et la nuit toujours alternent, Tu pars dormir chez toi, près du beffroi, Monsieur Le guetteur que chacun, ici, souffre en silence. C’est là que, toutes les demi-heures, en cadence, Pour te passer l’envie de nous tyranniser, Moi, je vais me venger et te tympaniser. Car si toi tu es le veilleur, insigne honneur, Je suis, ici-bas, le nouveau CA-RI-LLO-NEUR ! © Christian Satgé – juin 2011 |
vous êtes de la veine poétique de Nougaro et de Laborde(celui qui avait défrayé la chronique il y a quelques temps), j’avoue ne pas être capable de faire un texte aussi long! bravo!
Bravo Christian très beau texte agréable à lire bravo
J’ai aimé aussi la bonne chute
Belle journée
Mes amitiés
Fattoum.
Très belle chute…
Que j’aime cette lune qui bombe sont ventre
Encire un bel écrit avec un humour comme j’aime
Anne
Excellente chute ! Bravo !