Ma vérité – Sarah Delpech

Ma vérité

 

 

C’est un frisson ardent qui hurle et brûle la peau des merveilleux quand les sots sont au dessus des lois et des enjeux. La vérité n’est pas loin. Juste sous nos yeux.

C’est une erreur de plus à noter sur un libellé turpide, des sentiments reclus à l’odeur putride.

Nul ne panse ses plaies par la force de l’éréthisme de blessures passées. Menteur celui qui dit qu’il n’a jamais connu dépit ou chagrin, ni effleuré le désir de vengeance pour toutes ces offenses physiques ou morales.

C’est un chemin étroit, excuse facile de penser que « Soi » n’est qu’un ange innocent et aveugle. Croire en vain que les parias qui ont faim ne sont que des faux qui buglent.

C’est une colombe qui vole trop bas et qui finira par s’écraser. Une aile brisée et un enfant qui pleure son décès.

Sous un train, on trouvera une mère brêle qui n’a pas voulu écouter.

Si petits et si grands, ceux qui s’occupent désormais d’un père qui éponge sa peine au travers des bouteilles, à la mer, volées.

C’est une histoire terminée entre deux amants qui n’aiment plus avoir peur. Qui ne sont que le reflet d’un tumulte de mensonges et de blâmes. L’histoire sombre d’une série de pleurs parce que l’un d’eux a succombé à la sueur des plaisirs coupables.

C’est un fauve braconné puis vendu pour peu. Une tour d’ivoire pour récompenser et soulager ses semblables ; un tapis de plumes ou de poils pour réchauffer les cœurs des victimes poursuivies par un acte. Des trombines tapissent les murs des chasseurs bourrés de tact. Ironie courroucée parce qu’aucun mot n’existe pour décrire le parfum de ces pactes.

C’est un gosse violé par un voisin ou un parent, comme une ombre démoniaque poursuivant des agréments palpables. Des vies déchirées à l’âge de l’innocence par de sombres rétrogrades.

En voilà d’autres battus qui mentent pour survivre, mais qu’on signalera disparus parce que personne n’a voulu les suivre.

C’est un soleil triste qui tisse des rayons noirs avec pour dessein de se relever plus fort et endurant que la brume qui, le soir, met en lumière les spectres mesquins et les violeurs de seins.

C’est le vacarme puis le silence dans l’esprit d’un libre conquérant du bonheur. Perdu le sensible dans ce monde effroyable qui ne rit plus de rien parce qu’il est trop affligé.

C’est un cauchemar virulent qui me réveille et me crie dans l’oreille. Si violent qu’il n’éveille que dépris et sentences contre moi-même.

C’est une parfaite utopie que de parier sur la poésie quand le vent met en couleur le sang des plus fragiles et que la roue de la liberté est rouillée depuis bien longtemps.

C’est un génocide encore. Une approche qui donne vertige à ceux qui sentent le sort venir des combattants risquant leur vie pour d’obscurs trésors. Apocalypse familiale quand vient le temps de compter les morts.

C’est un être qui s’en va, qu’on ne reverra plus. Par lâcheté il a révisé sa destinée. Pleutrerie et courage lésé, il a été lesté par le pouvoir et l’apparence. Le fade ami qui n’a rien compris

C’est un trouble de la mémoire quand se répète l’histoire.

Une lys qui fane sur une table de chevet quand la faucheuse est passée mais que personne n’a réclamé le corps de l’angelet.

C’est une maladie qui s’en vient de nulle part, qui brise et anéantit tout espoir. Elle prend au dépourvu des âmes de joie, des chaleurs qui nous plongent dans l’émoi. Les meilleurs sont certains de finir dépouillés. Démunis de leur santé pour avoir trop bien fait. Mais la clef sera pour eux, le Paradis.

C’est une échelle qui bascule, un vide sans fond qui nous éprouve et nous heurte à chaque instant. Il n’est pas noble d’être immaculé, ce globe autrefois illustre devenu pâle, gris, froid, qui ne reconnaît plus l’amour et préfère de loin rester dans la facilité : le pêché.

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Sarah Delpech

Sarah Delpech (4)

Il est rare que je respecte les règles de la poésie classique ou des textes. À mes yeux la poésie est une liberté indomptable. Les mots sont tous puissants et chacun d’entre eux est un poème.

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8 Commentaires
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Laurent Creux-Vedeau
Membre
31 décembre 2021 11 h 05 min

des blessures profondes, des traces indélébiles, meurtrie jusqu’à l’os, Les maux sont aussi forts que les mots, texte que j’ai lu à plusieurs reprises pour m’en imprégner; Puissant, mais bon exutoire, pour un dèbut de therapie. Bravo de mettre ses souffrances au grand jour, je vous admire…

Alain Salvador
Membre
30 décembre 2021 20 h 22 min

Sarah , vous avez écrit avec brio un texte puissant et vous savez qu’il va à la rencontre de mes idées et positions. , Je vais reprendre Lucienne, il constate , annonce et dénonce et il est formidablement bien rédigé.

Arnaud Mattei
Membre
30 décembre 2021 20 h 11 min

Juste un mot, superbe

Lucienne Maville-Anku
Membre
30 décembre 2021 14 h 13 min

Ce texte poignant dit.
Il constate. Il annonce. Il dénonce.
Ce texte parle et remue.
🪶Merci du partage, Sarah.
Bonne journée. Lucienne 🌈

Martyne Dubau
Membre
30 décembre 2021 13 h 26 min

Un texte puissant pour dire les maux du monde des humains !

Colette Guinard
Membre
30 décembre 2021 10 h 15 min

Sarah que de frissons parcourus en lisant votre teste poétique!
De beaux sentiments le composent,merci bonne journée Colette

Plume de Poète
Administrateur
30 décembre 2021 9 h 23 min

Quel puissant texte Sarah, beau, fort, de l’émotion, des sentiments, de l’amour, de la joie mais aussi des pleurs…des mots très imagés et simples qui glissent à la lecture…merci pour ce partage !