C’est la fête à la grenouille,
Voici chimères et gargouilles
Dansant, ricanant, se pavanant,
Solitude et ennui jetés au vent,
Sérieuses comme des papes,
Rire aux anges la soupape !
Mille facéties et arcanes,
Leur joie intense est insane,
Les rires coulent en cascade,
Quelle joyeuse cavalcade !
Caniveaux et rigoles s’amusent,
Pieds de nez et grimaces fusent,
Les monstres de rire se plient,
Lèvent leurs verres à la fantaisie,
Secs et fermés leurs cœurs de pierre,
Ayant vocation de modeste gouttière,
S’ouvrent doucement sous l’ondée
Et fondent délicatement en beauté ;
Sur les toits mouillés de Paris,
Les gouttelettes sont hardies,
L’eau bienfaisante se faufile
Bénissant ardoises et tuiles,
Notre-Dame s’émerveille et rit
Entre le firmament et le parvis,
Ses yeux en vitraux pleurent,
Ils versent tant de bonheur ;
Le ciel a le grain esthétique,
La pluie est le flou artistique,
En chœur arrosent les passants,
L’averse ne fait pas semblant,
Les promeneurs courent trempés,
Par la nuit noire sont enveloppés,
On n’y voit vraiment goutte,
Les ombres sèment le doute,
La vue soudain se brouille,
C’est la fête à la grenouille !
© Laurence de Koninck