(Si vous appréciez mes contes, je dispose de plusieurs exemplaires de mes ouvrages, n’hésitez pas à me contacter si le coeur vous en dit, celui-ci est extrait de “Contes pour petits et grands)
Joyeuse Fête de la St Sylvestre à toutes et tous et excellente année 2022 !
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Dans une rue d’une petite ville du Nord de la France, on pouvait croiser, chaque matin, à la même heure, aux environs de neuf heures, une très vieille dame, tellement voutée, que l’on avait l’impression qu’elle ne pouvait regarder que ses pieds.
Elle s’appuyait sur une canne de bois noir de la main droite et de la main gauche tenait une laisse au bout de laquelle, était attaché un vieux Berger allemand.
Ce chien avait dû être magnifique mais hélas, tout comme sa maîtresse, il montrait des signes de vieillesse. Son poil était de plus en plus gris, son arrière train chancelant et ses yeux légèrement vitreux. Et pourtant tous deux étaient inséparables et parcouraient tous les jours, le même chemin et à la même cadence.
Au bout de dix minutes, ils arrivaient tous deux au petit square et la vieille dame se reposait un instant sur une souche d’arbre en profitant d’ailleurs pour libérer son chien, qui arpentait alors quelques mètres pour y accomplir ses besoins naturels et flairer le passage de quelques femelles.
Pendant cette courte pause et me promenant moi-même, j’avais bien tenté un jour d’engager la conversation, mais la vieille dame ne semblait pas disposée et mes tentatives d’approche restèrent vaines.
Sans doute était-elle sourde, ou tout simplement aigrie !
J’avais donc décidé de ne plus l’importuner.
La vieille dame requinquée, rattachait ensuite son chien et ils retournaient tous deux chez eux, une toute petite maison à la façade grisâtre, et aux volets mi-clos qui n’attirait d’ailleurs le regard, que par son état de délabrement.
Les résidents du quartier avaient donc pris l’habitude de croiser la vieille et son chien et ce, depuis de nombreuses années.
Pourtant, un jour la vieille dame et son chien n’apparurent pas.
Personne ne s’inquiéta.
Mais au bout de quelques jours, en sortant pour faire quelques courses, j’aperçus le camion des pompiers juste devant la maison de la vieille dame.
Interloquée, je me rapprochai juste au moment où les hommes embarquaient un corps recouvert d’une couverture.
- Que se passe-t-il ?
- Vous connaissez cette dame ? me demanda l’un des pompiers
- Euh non pas spécialement, enfin je la croise comme tout le monde quand elle promène son chien. Il lui est arrivé quelque chose ? Elle a eu un malaise ?
- Je suis désolée, Madame, me dit le pompier, mais la vieille dame est décédée depuis apparemment quelques jours.
Cette nouvelle me glaça le sang et mon cœur se mit à battre si fort que je crus, sur l’instant, qu’il allait exploser.
Comment se pouvait-il que personne ne s’était rendu compte de la tragédie qui était survenue dans cette petite maison ?
Alors une question me vint subitement à l’esprit.
- Mais elle a un chien cette dame, où est-il ?
- Oui effectivement il y a un vieux chien qui était allongé près de son corps, une sorte de Berger allemand, il est très affaibli vous savez et nous allons devoir le porter à la SPA.
- Oh non, ne faites pas ça il est vieux, il ne le supporterait pas.
- Mais nous ne pouvons pas le laisser là, me dit le pompier.
- Attendez, il n’est pas méchant, puis je le prendre chez moi ? Je vous promets s’il y a un problème, j’appellerai moi-même la SPA mais laissez lui une chance.
Après avoir demandé l’avis de son collègue, le pompier acquiesça et me laissa entrer dans la maison où une terrible odeur me prit immédiatement aux narines.
En me pinçant le nez je me dirigeai dans la cuisine où je trouvai le chien couché sur le côté.
Sa laisse était accrochée dans l’entrée. Après l’avoir attaché, le vieux chien se leva et me suivit sans broncher.
Je saluai donc les pompiers en les remerciant et après avoir porté un dernier regard au brancard sur lequel reposait le corps de la vieille dame, je rentrai donc à la maison.
Pauvre bête comment allait-il réagir ?
Finalement tout se passa bien, mon nouveau locataire sembla très vite s’habituer à sa nouvelle maison.
Il sortait avec moi deux fois par jour et je prenais bien garde de ne pas marcher trop vite afin de ne pas le fatiguer.
Je l’appelais « le chien » ne sachant pas le nom que la vieille dame lui avait donné.
Les semaines passèrent ainsi et mon nouveau compagnon et moi formions désormais un couple inséparable. Il faut dire qu’il n’était pas bien encombrant et ne demandait pas grand-chose, hormis quelques caresses et bons soins.
Il faisait chaud ce matin là, j’en avais profité pour ouvrir toutes les fenêtres de la maison ainsi que la baie vitrée.
J’écoutais de la musique tout en vaquant à mes occupations ménagères. Vint l’heure à laquelle j’avais l’habitude de sortir « le chien ».
- Le chien ! m’écriais-je
Le chien ne répondit pas.
Sans doute devait-il être dans le jardin. Or, il ne s’y trouvait pas. Tout à coup j’aperçus un trou dans le grillage et réalisai que « le chien » s’était faufilé par cette ouverture.
Désemparée, je mis une veste et me mit à le chercher partout dans le quartier, mais hélas sans succès.
Je me mis à pleurer car la nuit tombée « le chien » n’était toujours pas rentré.
Où pouvait-il être ? Pourvu qu’il ne se soit pas fait écraser ?
Cette idée me persécuta pendant deux jours jusqu’à en perdre le sommeil.
Je me sentais responsable, comme si la vieille dame m’avait confié son chien.
De l’avoir perdu me rendait malade.
J’avais pris l’habitude d’avoir la compagnie de ce pauvre chien et même le soir il était près de moi quand je regardais la télévision.
Et c’est d’ailleurs devant la télévision que j’appris ce qu’était devenu « le chien ».
En regardant les informations régionales, un reportage attira tout particulièrement mon attention.
En effet, dans ma commune, au cimetière, un vieux chien avait été retrouvé mort, sur la tombe d’une vieille dame, couché sur le flanc.
Je compris alors que j’aurais pu le chercher longtemps, « le chien » ne s’était pas remis de la perte de sa maîtresse et l’avait tout simplement rejoint, pour terminer sa vie de chien.
J’ignore encore pourquoi, mais finalement ce soir là je poussai un long soupir de soulagement, le vieux chien et la vieille dame étaient à nouveau réunis et se promenaient désormais sûrement ensemble là-haut au Paradis.
TDR Marie-Hélène Coppa autrice
Merci pour le partage de vos contes Marie-Hélène et merci pour vos souhaits.
Excellentes fêtes de fin d’année et bonne nouvelle année à vous aussi !