Si – David Frenkel

Si lors d’un jour de grande détresse

Le ciel faisait pleuvoir une joie

Sur les milliers de papillons noirs

Elle les transformerait en lutins

La nuit deviendrait une princesse

Revêtant la couronne du roi

Afin que le soleil puisse choir

En belle lune jusqu’au matin

 

Si lors d’un jour d’un gros désespoir

Un mandarin jetait quelques fleurs

Sur un écrivain abandonné

Elles orneraient une nouvelle.

Un homme faisant plaisir à voir

Transformerait l’héroïne en pleurs

En une femme rassérénée

D’où suinterait une jouvencelle

 

Si lors d’un jour de grosse tempête

Le vent faisait descendre des Cieux

Les trépassés au centre des villes

Qui nous raconteraient l’au-delà

L’ambition deviendrait une ascète

Se flagellant devant les envieux

L’orgueil deviendrait l’être futile

Arpentant un monde sans éclat

 

Si lors d’un jour de forte grisaille

Une couleur viendrait transformer

Des existences qui las s’abrègent

En des vies aux visages d’enfant

Le temps ferait battre l’éventail

D’une humanité pouvant s’aimer

Sous l’envoûtement d’un sortilège

Qui fouette les cadavres vivants

 

Si lors d’un jour de sollicitude

L’être humain viendrait tendre sa joue

Au baiser voluptueux de l’amour

Qui se pose sur les tristes faces

Les lueurs de la béatitude

Rendraient alors beau le sapajou

Chacun s’agglutinerait autour

De l’homme affreux touché par la grâce.

Nombre de Vues:

28 vues
David Frenkel

David Frenkel (71)

Je me suis un jour juré de faire cohabiter sur une feuille blanche le verbe et son sujet. Le sujet se rebiffe souvent lorsque le verbe brasse du vent. Vers l’âge de cinquante-six ans, ma plume trépigna d’impatience, elle désirait voir si les deux, après entente et plus, enfanteraient en direct et en toutes circonstances un complément. Je la pris par la main et la promenai le long de mes pages, et en rebroussant souvent chemin. Le front en sueur, elle aperçut après des heures de marche le nouveau-né, la prose d’un écrivain que la vie avait malmené.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

1 Commentaire
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Jean-Marie Audrain
Modérateur
14 juin 2023 15 h 13 min

Tu fais honnêtement concurrence au poème du même titre que l’on nomme souvent “Tu seras un homme mon fils”.