Papa – Bernadette Laroze

Il était démuni de toute vanité

D’une  fratrie nombreuse il était

Au milieu de ses frères

Et soeurs.

 

À l’âge de neuf ans

Il fut envoyé pour quelque temps

Dans une  ferme travailler

Sa famille de lui ne pouvant s’occuper.

De l’expérience il en fut meurtri

Et bien que plus tard les raisons il comprit

De cet éloignement

Il gardait un amer sentiment.

 

Sa famille vécut des tragédies

Deux enfants à la guerre partie

Deux autres perdus en pleine enfance

Une fille mourut  donnant naissance.

 

Un neveu de vingt ans par le nazisme sacrifié

Au nom de la liberté

Soixante-dix ans plus tard son nom peu banal

Résonne encore: Martial.

Toutes ces tribulations

Revenaient dans les conversations

Mais pas très souvent

Il préférait les laisser dans le temps.

 

Il ne se plaignait que très rarement

Et c’était surtout à cause du  mauvais temps

Son humble condition il l’acceptait

Comme un simple fait.

 

Nous avions de longues discussions

Mais jamais nous nous disputions

Nous n’étions pas toujours sur les mêmes ondes

Mais nous savions que différents étaient nos mondes.

 

Rarement il élevait la voix

Mais lorsqu’il le faisait tous se taisaient

Conscients que nous avions dépassés

La limite de sa passivité.

 

Toute personne aimait mon père

Malgré tous ses revers

Il était d’une tranquillité

Qui désarmait toute animosité.

 

Bien sur, il n’était pas parfait

Mais qui l’est?

Quelques verres de trop

Le rendait vraiment sot.

 

Il y a maintenant vingt-neuf ans

Qu’un magnifique jour d’automne il se dit partant

Et lorsque j’ai besoin de paix

C’est lui qui vient me chercher.

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2 Commentaires
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Laurence de Koninck
Membre
2 février 2019 14 h 18 min

Voilà un papa qui doit être fier de sa fille depuis le Paradis. Merci pour ce poème touchant Bernadette.