Il n’y a pas d’entrée possible,
Ni de sortie dans ce lieu-là.
L’endroit est inintelligible,
Ce qui est ne se perçoit pas.
Toutes nos racines viennent y baigner,
Dans la plus grande opacité,
Où le temps n’a plus ses repères,
Tant il se dénue de matière.
La membrane est souple et poreuse,
Et la poche avale et digère,
Toutes les commotions sulfureuses,
Qui disparaissent en grand secret,
Dans le magma de ses entrailles,
En métabolisme discret,
Escamoteur de son travail.
Son langage est toujours étrange,
Aussi étonnant qu’impromptu,
Par sa forme qui nous dérange,
Tant souvent elle est ambiguë.
Un lieu plus fort que la raison,
Aliénant au cœur des bas-fonds,
Par l’influence de sa pression,
Et déformant sans compassion,
L’essentiel de nos perceptions.
Aucune ouverture et pourtant,
De bien nombreux échappements,
Dans des échanges invisibles,
Et dans l’éternel impossible ,
D’entrer simplement en ce lieu,
Aussi étrange que mystérieux.
Limbes – Jocelyne Bayard
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