La Bohémienne – Laure Fayarde

 

  Le rideau se leva et ce fut un émerveillement de couleurs et de rubans chamarrés. Assis en demi-cercle les musiciens, aux costumes flamboyants, attaquèrent une musique entraînante, qui très vite, remplit l’espace et les cœurs d’une foule joyeuse.

  C’est alors qu’elle apparut. Féline dans sa robe pourpre, elle avança au son tonique du djembé, laissant ainsi les spectateurs s’imprégner de sa beauté. Ses cheveux bouclés, d’un noir d’ébène, dégringolaient en masse épaisse sur sa peau bronzée aux origines Tziganes. Tout en elle exhalait une fraîcheur juvénile qui soudain, aux sons d’une guitare, se transforma aussitôt en une ardeur endiablée. Ses yeux noirs lançaient des éclairs et les lourdes chaînes de son cou scintillaient de mille feux sous les projecteurs. Les mouvements de sa robe en lambeaux dévoilaient de longues jambes fines et chaque tourbillon faisait tinter les anneaux d’or fixés à ses oreilles et sur ses pieds nus.

  Le public était charmé par ces instants magiques, admiratif devant les contorsions de ce corps qui épousait les vibrations des tambours et contrebasses pour s’arrêter enfin, haletant, accentuant ainsi le charme de son décolleté.

  Puis, ce fut la place des violons dont les variations appuyées modifiaient le rythme de la danseuse. Les yeux fermés, elle continua sa danse par de petits sauts mesurés, une valse qui semblait traduire des appels, des souffrances et des cris d’amour. De ses bras nus, elle implorait le ciel dans une communion d’espoir et d’espérance, transmettant une force d’amour spirituel.

  Quand les dernières notes annoncèrent la fin de la chorégraphie, la foule jusqu’alors figée, se leva en hurlant de joie et commença d’interminables applaudissements, scandant des bravos hystériques et démesurés. Les mains jointes, la bohémienne resta immobile, regardant l’horizon comme pour une dernière prière et se retira, laissant son public exulter d’admiration. Chacun se regarda l’air hébété, la bouche ouverte, se demandant si ce moment féerique n’était pas un rêve éveillé, ne sachant comment retenir cette jeune femme qui les avait conquis par tant de grâce et de frissons.

  Mais, il fallut bien se rendre à l’évidence, la bohémienne avait quitté la scène.

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  ©Laure Fayarde – 30/08/2018

 

 

 

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