Ma plume est morte ce matin…
Je l’avais prise à Quetzalcoatl
Il avait hurlé de douleur. Je me souviens.
Et de son sang coulait ma langueur….
Impossible d’être un être de lumière si la plume magique
Devient un remède nostalgique
À une très supportable horreur
C’est un honneur que d’être en transe
Et cette plume morte du serpent-dieu
Se cristallise en doigt glacial
Que m’interdisait l’homme sage
Ils se croient gentils de nous soigner
Et je dois dire qu’ils ont raison
Mais si je recouvre la santé
Serai-je toujours un artiste ?
Non ! Bien sûr ! Quand je commets une œuvre
Je dois d’abord penser à mal
Je dois être quand même assez fou
Pour avoir le tempérament créateur
Dieu a créé un monde impossible
Rien n’y est prévisible
L’église a inventé le paradis
Mais moi, je sais qu’il est ici
Parmi les ronces
Qui griffent ma peau de tatouages
Qui me rappellent le message
Pour bien écrire, il faut souffrir
Et surtout
Ne JAMAIS être sage !!!
C’est dans la décadence et la destruction
Que se trouve la rarissime pépite de l’inspiration
Pour moi ça va : j’ai ma ration
D’autres longtemps fouilleront
Mon tamis est riche de malédictions
Je peux en faire quelque chose
Car les pistolets qui se mélangeaient aux roses
M’ont indiqué la voie à suivre
Oui, j’ai commencé par être ivre …
Et, dieu merci, le suis resté
On devient toujours ce que l’on est
Pour ma part, la logique
Est celle, différente certes,
D’un artiste aux mille facettes
Je suis ivre sans boire d’alcool
C’est juste la réalité qui est folle
Que c’est bon de se comprendre !
Que c’est doux de saigner sur le papier
Ou sur la toile, ou l’instrument
Quand je fais ça, je ne mens pas
Je suis moi-même et j’aime ça
En parfaite adéquation
Avec mon destin et mes passions
Merci seigneur de me donner
Les clefs du paradis terrestre
Je ne sais pas si rien ne reste
Il n’y a qu’à vivre, ivre de beauté
Et aimer les peintures rupestres
C’est peut être là qu’est la vérité
De cette danse de chanson de geste !
Une ivresse poétique absolument magnifique ! Merci !