Histoire sans paroles
Il y aura bientôt cinquante-quatre ans
Qu’un soir de mars, tu me donnais la vie.
je n’ai pas vu passer les jours, le temps…
Ce soir, je n’ai qu’une crainte : que tu me fuies.
Je n’ai plus, non, ce contact avec toi.
Le même que j’avais, oui, avec Papa
Quand on se téléphonait tous les trois
Et qu’on se demandait : “Comment ça va ?”
Aujourd’hui pour te voir avec Lalie,
Je ne sais plus quoi faire. Prendre rendez-vous ?
Peut-être oui, un de ces prochains mardis…
Ou bien alors, sûrement pas du tout !
Des fois quand on se parle au téléphone,
Je t’adresse des mots, des sous-entendus.
Mais il n’y a que ma voix qui résonne.
Tu es là Maman mais je t’ai perdue !
Pourquoi avec moi ce comportement ?
Pourquoi depuis peu cette distance, ce vide
Qu’au fond de moi, chagrinée, je ressens ?
Alors que le temps passe et prend des rides.
En décembre, cela fera cinq années
Que Papa nous a quittés : grands, petits.
Dans ma tête j’avais pensé, espéré
Qu’un beau jour on serait tous réuni
Et que la vie reviendrait comme avant.
Mais non. Tu t’es rapprochée de mon frère,
De ses deux filles, tes deux petits-enfants
Qui t’ont fait la joie d’être arrière grand-mère.
Alors que pour moi, la sœur oubliée,
Je n’ai que deux fils, oui, deux grands garçons
Et un mari que toujours j’aimerai
Bien qu’ils me semblent mal vus dans ta maison.
Les jours passent. De la vie, le manège tourne
Et chacune de nous vit séparément.
Oui, le temps s’en va, le manège tourne.
Nous retrouverons-nous un jour Maman ?
Texte écrit par Odile Stonham @ Tous droits réservés