Extrait (3) de “L’Inconstance des sentiments”- Caroline Pivert

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Le lendemain, voilà que, comme trop souvent, mes sentiments sont de nouveau partagés. Les tiens aussi, semblerait-il !

 Je me suis réveillée avec un tel goût amer dans la bouche. Je repense encore à notre dispute larvée d’hier.

 Pourquoi faut-il que l’on souffre toujours en amour, pourquoi? Il n’y a pas d’amour heureux, déclamait Aragon. Moi, j’en demande tellement, en même temps, je le crois… Je le crains !

 Je veux tout, et tout de suite, et toujours. Et là c’est bien trop tard, et là c’est joué d’avance, il est bien condamné le retour en arrière : je ne sais plus me passer de tes caresses… Et, dans les rares moments sans toi, c’était comme si je faisais de la survie en haute mer, toujours sur ces pénibles vagues.

 L’embarcation est bien légère, vois-tu, mon Adrien. Nos vaisseaux fantômes ne sont jamais loin, toujours prêts à réapparaître, à la moindre embrouille, au moindre questionnement. J’ai fait ce pari de t’aimer, et j’ai posé à tes pieds toute ma mise. Je m’en sens comme dépossédée, ce matin encore.

 Tu es presque devenu plus distant à mon égard, depuis hier. Plus méfiant, peut-être ? Ou bien, dépassé, quelque peu, par ce qui vient tout juste de se produire entre nous ?

 Je ne le supporte pas. Passer ainsi de la lumière à l’ombre, du soleil à la nuit… Mais, et cela me rassure, quelque part, je sens bien que toi non plus, tu ne t’en « remets » pas, pas encore. Ou pas du tout, j’espère !

 Que nous faudra-t-il donc, pour y croire à nouveau?

 Une fois de plus je me sens comme sur un fil, et la traversée est périlleuse, et peut-être, qui sait, inutile ?…

 

 Témoin

 Oui j’ai été témoin

De scènes de non-sens

Nous qui étions main dans la main

Te voilà plein d’indifférence

 

Oui j’ai été témoin

Du crime d’amour le plus fou

Le plus fulgurant, le plus vain

Foudroyer ainsi le destin

Qui a créé notre romance

Ne reste enfin de toi, de nous

Qu’une tristesse inexpugnable

Un froid revenu, le mois d’août

Est si loin : tout est sous le sable

 

Oui j’ai été témoin

De la plus terrible descente

Vers un enfer peau de chagrin

Oui j’ai dressé ma tente

Dans une garnison perdante

Préparé pourtant la bataille

Mais cet amour est une pente

Où tout recule ! Toi tu dérailles

Vers d’autres pays, continents

De la douleur de ton absence

Et je poursuis, vaille que vaille

La guerre de notre évidence

 

Car évidente était la chance

De nous unir dans le matin

Si plein d’azur et d’espérance

Oui j’ai été témoin

De la pire des contre-romances

 

Tu n’as été qu’un assassin

Et tu connaissais tes motifs

Mais regarde-moi bien

Moi je suis prise entre tes griffes

Et j’ai le cœur si lourd, si vain !

 

Oui j’ai été témoin

De ta non-assistance à personne en danger

Tu es si loin

Et j’ai simplement mal de t’avoir trop aimé

 

 Je me serais donc bercée d’illusions, durant ces quelques mois suivant notre rencontre, je me serais donc encore laissé dupée par l’inconstance des sentiments, de tes mots et de tes gestes, pourtant si passionnés, au départ…

 « Je t’aime ». Tu ne m’as pas redit ces mots, ce matin. Et ainsi tu me prives sans t’en rendre compte, je crois, de mon eau vive, de mon rêve éveillé.

 Alors je ravale ma peine, et j’étouffe mes sanglots revenus. Tout à présent se passe à l’intérieur de moi, et moi aussi je retrouve ma triste carapace. Celle dont j’ai eu, si souvent, tant besoin…”

http://www.edilivre.com/l-inconstance-des-sentiments-231c822081.html

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Caroline Pivert

Caroline Pivert (20)

Née en Polynésie française de deux parents tous deux navigants, j'aurais toute ma jeunesse profité de cette opportunité pour parcourir le Monde. Une chose parmi tant d'autres a planté en parallèle ses racines dans ma vie: Les mots et leur poésie.

Les romans sont un peu comme des chansons à mes yeux. Il est plus facile de comprendre le monde quelquefois sous cet angle, mélodies éphémères et pourtant si profondes, que sous les lois de la politique et du "marché".

Je publierai régulièrement des poèmes sur ce site.

En espérant vous voir les découvrir,

Caroline Pivert

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Véronique Monsigny
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10 février 2016 9 h 09 min

Beaucoup de délicatesse pour exprimer un si grand chagrin qu’est la fin d’un grand amour. J’espere que, malgré les tempêtes vous saurez preserver cette fraicheur. Merci de nous l’avoir confier, et sachons en prendre soin