Elections à Hauts Risques – Marie Combernoux

ELECTIONS A HAUTS RISQUES

PARIS, JUIN 2032

Avertissement de l’auteur : toute personne existante ou ayant existé ne serait que pure coïncidence…

En ce début d’été 2032, Les partisans du candidat à la Présidence de la République, Ange Farfallé, sont en liesse, partout dans les villes, des cris de joie, des bravos, des applaudissements fusent à tout rompre ! La France est aujourd’hui le centre monde.

Ange Farfallé a remporté les élections : il est aujourd’hui le nouveau Président des français !

Il faut dire qu’il n’avait en face de lui qu’un seul autre candidat mais de taille : l’actuel Président Manuel Marconi, installé à l’Elysée depuis ses 39 ans avec son slogan bien connu : » En avant Marche !» Mais aujourd’hui, Ange Farfallé a été le plus fort  avec son propre slogan « Marchons ! Marchons à reculons ! »

Toutes les télévisions du monde entier sont là, les appareils des photographes n’arrêtent pas de

flasher ! La France entière, presque à l’unanimité, est submergée d’allégresse !!

Seuls quelques très rares anti Farfallé osent manifester en sourdine de peur d’être lynchés par la foule.

Ange a réussi le pari d’être élu à 88 ,20 % des voix,du jamais vu dans l’histoire de la France du XXIe siècle, qui a maintenant un parti unique : le néo-mégalo-monarchiste : le N M M

Le nouvel élu prononce un discours de sa trempe :

« Tout ce que je vous ai promis, vous l’aurez ! Nous allons changer radicalement notre politique et revenir aux traditions les plus anciennes !

« Pour commencer vous n’aurez plus un Président mais un Monarque Absolu ! Plus une République mais une Royauté ! » « A partir de ce jour, vous devrez m’appeler « Majesté » Vive la France ! Vive le Parti néo-mégalo-monarchiste ! »

« Oui , Bravo , vive le souverain Farfallé, longue vie à lui et à la famille Royale ! » crie la foule  déchaînée . « Fermons les frontières et jetons les opposants en prison ! » « Qu’on réouvre la Bastille » ! « Et qu’on ferme l’Assemblée Nationale » ! La démocratie est morte , vive la Souveraineté !

Aussitôt dans le royaume de France, on célébra le sacre de Ange Farfallé 1er, qui eut lieu en grande pompe dans la cathédrale Notre Dame de Paris. Farfallé 1er, ayant des lettres, pris pour modèle le sacre de Napoléon et se posa lui-même la couronne sur la tête sous un tonnerre de Hourra !

La vie en France s’organisa comme dans un lointain passé : le roi, dédaignant le Palais de l’Elysée, s’installa à Versailles avec la souveraine Eugénie de Castagné-Tolosa, descendante par ses aïeux paternels de la dynastie des Habsbourg, et de par ses aïeux maternels, de la Goulue, danseuse mondaine au Moulin Rouge à Paris. Ils vinrent y habiter avec leurs trois enfants devenus royaux de fraîche date.

Ange Farfallé 1er reçu des twitt de félicitations de toutes les têtes couronnées du monde, les nouveaux rois d’Espagne, du Maroc, de Jordanie et bien d’autres, ainsi que de la Présidente des Etats-Unis, Daisy Mac Donald-Mickey.

Les gardes républicains à cheval furent renommés les Gardes Royaux de sa Majesté et lui servirent de protection rapprochée.

Le roi s’entoura de ministres et de conseillers intrigants, et aussi d’espions chargés de surveiller les agissements des pays voisins ainsi que les mouvements de la population. La noblesse retrouva ses privilèges et ses biens, on reconsidéra les pouvoirs du clergé qui était devenu très affaibli à la suite de différents scandales. Un nouveau Pape fut appelé à régner… Araignée ? Hum…

Quant au peuple, il reprit sa place au bas de l’échelle sociale qu’il n’eut pas trop de mal à atteindre car il y était déjà depuis ces dernières années de déclin de la République. A la manière des Sans Culottes, les pauvres furent bâptisés les SANS DENTS, expression venue d’un ancien Président, François Paysbas.

Les premières mesures du Roi Farfallé 1er furent de rétablir sans vergogne, et sans consulter ses ministres, l’impôt sur les récoltes, ce qui eut pour résultat d’appauvrir considérablement la classe paysanne qui désertait peu à peu les campagnes pour aller gagner une misère dans les villes.

L’agriculture traditionnelle était en voie de disparition et petit à petit se créaient des produits de substitution, vendus au marché noir très chers . Pour faire vivre leurs familles, les paysans eurent de plus en plus recourt à la chasse et au braconnage, qui était sévèrement puni de coups de fouets par la milice créée par le Roi.

En cas de récidive, l’individu était embastillé pendant quelques jours. D’ailleurs, le peuple était emprisonné pour une broutille, sans jugement, la justice ayant été confiée à un seul homme :

sa Majesté le Roi.

 

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Le sort des ouvriers et des artisans n’étaient guère enviable. Ils devaient peiner dur pour un salaire ridicule, et leur pouvoir d’achat était très amoindri. Les congés n’étaient plus payés et avaient été réduits à une semaine en hiver et une semaine en été , le syndicat le plus fort ayant été démantelé et leur chef Philippe Ramirez emprisonné, le Roi avait mis en place, par démagogie, un syndicat Royaliste, le SDF « syndicat des fortunés » qui -on s’en doute- défendait la cause des nantis.

Comme par le passé, le Monarque et sa cour dépensait sans compter, tapant dans les caisses du Royaume, augmentant les impôts, créant sans cesse de nouvelles taxes. La famille royale menait grand train et il se murmurait que le Roi entretenait tout un caravansérail de demoiselles de petites vertus à qui il faisait des cadeaux somptueux ,grévant lourdement le bugdet de la France.

*****

Mais…mais…mais …. une colère sourde commençait à monter ça et là, le peuple se rendant compte petit à petit qu’il avait élu un serpent et sa couvée. Pour le moment, les gens avaient peur et n’osaient pas s’exprimer en public , de toutes façons, les interviews télévisés étaient systématiquement censurées.

Des mouvements clandestins se formaient dans tous les coins de France et l’on murmurait certains noms qui étaient prêts à en découdrent : la révolution de 1789 n’était pas morte !! On citait souvent les noms de Robespaul, Dontan, Saint Injust, Ramat et bien d’autres.

Nous arrivâmes au 14 juillet 2035, la « Fêt ‘Nat’ » avait été complètement abolie du calendrier républicain depuis le règne de Farfallé mais la tension était à son comble en France. La population avait besoin de se libérer du joug du dictateur !

Alors, ce 14 juillet là, descendirent de tous les coins de France, certains en chemin depuis des jours et des jours, des milliers et des milliers de mécontents, armes à la main, poings nus, et se dirigèrent vers le Palais de Versailles. Les militaires sortirent des casernes royales, leurs généraux se ralliant à la cause du peuple, car ils avaient été eux aussi malmenés et privés de crédits suffisants pour assurer la sécurité de la population, et d’un seul pas , ils marchèrent eux aussi vers la demeure royale.

Le souverain et sa royale moitié avait fini leur souper. Ils s’apprêtaient à regarder leur feuilleton préféré « Plus belle la mort que la vie » quand ils entendirent des cris et des hurlements sous leurs fenêtres : « montre toi si tu es un homme ! Et rend nous nos sous et notre liberté !»

Alors Farfallé 1er sorti sur son balcon : « Tuez moi si vous avez le courage mais épargnez ma famille, Eugénie de Castagné-Tolosa, mon épouse, mes enfants Stéphania, Carolina et Alberto «  «  Je me rends si vous me le promettez » Ange Farfallé 1er ouvrit sa chemise et présenta sa poitrine velue à la foule en délire. Il faut dire qu’à ce moment-là, la foule hésita. Mais le meneur, Robespaul harangua le peuple : « n’y croyez pas ! Il vous ment  comme d’habitude ! « 

Et là ! Surgit de nulle part : un homme d’une trentaine d’année, auréolé de lumière, dans un habit blanc immaculé, un anonyme que personne ne connaissait , prit la Parole :

«  Ce n’est pas à vous de juger et de condamner ! Le jugement est ailleurs ! Dans un autre Royaume que celui des humains ! Laissez cet Ange déchu se repentir « !

La foule fut saisie d’une grande frayeur et de respect devant ces paroles sages et baissèrent leurs armes. Leur colère tomba et ils se signèrent. Quand ils relevèrent la tête l’homme rayonnant de lumière avait disparu.

Dès le lendemain, Ange Farfallé abdiqua et se retira dans un monastère. Les défenseurs de la Liberté réorganisèrent des élections. Qui cette fois allait l’emporter ? Ange ou Démon ?

Seule l’histoire le dira aux générations à venir, rendez-vous dans le futur !

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©Marie Combernoux – 06/07/2018

 

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Marie Combernoux

Marie Combernoux (46)

je ne suis plus une jeunette, je suis née le 3 Avril 195....et quelque, j'ai été élevé jusqu'à mes 12 ans à Caussade (82) par mes grands parents , qui étaient agriculteurs et négociants en fourrage, j'ai été élevé entouré de nature, d'animaux de basse-cour, d'un jardin, et j'ai aussi appris l'occitan car entre eux mes grands parents le parlaient. Après 12 ans de bonheur , je suis allée vivre àToulouse, avec ma mère et son mari. A partir de là, ce fut une autre histoire.... je viens d'écrire un libre de nouvelles, réelles et fictives, et de poésies, j'attend sa sortie. Voilà un peu de moi, mais vous ne savez qu'une partie de ma vie riche et cahotique à la fois Bien cordialement.

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2 Commentaires
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Christian Satgé
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7 juillet 2018 8 h 31 min

Dieu – ou la Raison – nous préserve de tes cauchemardesques prophéties, Marie. Amicalement…