Le ballet des mots – Jera Hamben

Qui se cache derrière l’écriture ?
A l’envers des mots et dans les interstices de l’écriture c’est la beauté d’un
morceau du monde qui apparaît. Le mâchonnement des mots crée une sorte
de ballet, quoi qu’on veuille produire, on joue avec une échappatoire du
« montré caché » avec des mots qui se faufilent, des pensées qui rient, des
images qui se déguisent.
Écrire devient une mise en scène : l’écrivant joue avec les mots et crée une
œuvre littéraire, il met en scène ses textes dont il a inventé la partition,
partition au sens littéral du terme, il vient dire à travers ses écrits ce que
représente l’écriture par rapport à soi, il met en planche tous les supports
qui ont fait de lui l’écrivain.
Défilent sur ces tréteaux, romans, poèmes, nouvelles contes, articles… Il
met ses œuvres en avant, il joue comme il n’oserait pas le faire dans la vie
où il est organisé, réglé, structuré.
Dans son écriture, il est libre, il peut dérégler, désorganiser, raturer,
réécrire, effacer, gommer… Ces gestes réitérés qui accompagnent tout acte
d’écrire, dans ses imperfections, ses reprises et ses découvertes.

L’écriture révèle la personnalité de l’écrivain, ses mots fétiches, son style,
son caractère, l’écriture c’est comme une pièce d’identité.
Les deux, (l’écriture et la pièce d’identité) nous personnifient, l’une par les
mots et l’autre par les empreintes digitales.
L’écrivain a une vision singulière de la vie, il prend le temps de la
connaître, de l’analyser, d’indiquer les changements, de les penser, il prend
le temps de prévenir les lecteurs que nous sommes.
En chacun de nous gît un écrivain, cet abstrait qui sommeille en nous, il le
sort de l’opacité pour lui donner vie.
Une première naissance à l’écriture, l’abstrait porte un nom,
« l’imaginaire » qui n’est autre que « soi-même », le « soi-même » qui est

« tous » , « tous » qui veut dire aussi les « chacun », cela stipule que
l’imaginaire de celui qui écrit est un imaginaire collectif.
Il suffit de voir que lorsqu’on a sous les yeux un livre, on peut facilement
ressentir ce que l’auteur veut nous transmettre, on est souvent sur la même
longueur d’onde que lui, nous éprouvons les mêmes sensations, nous rions,
nous pleurons ses joies et ses tourments, nous souffrons avec lui car sa
souffrance est la nôtre.
Quand on lit, on sait expressément que la vision atypique que l’auteur nous
renvoie est l’image de notre propre singularité. On est subjugué par toutes
les vérités, on se retrouve totalement dans les mots qu’on lit.
Jera Hamben

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