A Fourmies, six ans de ma vie, j’ai passé – Arnaud Mattei

A Fourmies, une tranche de ma vie, j’ai passé.                            

Loin des miens par le travail, un jour appelé,                                  

Cette chaleur des gens du Nord souvent vantée,                           

Chance et hasard m’ont permis de la rencontrer.                           

                                   

Qu’est donc pour un étranger être fourmisien ?                              

Point d’hérédité de ton sang, mais dans le cœur,                           

Ressentir cette simplicité, mère de ces bonheurs,                         

Coulant dans les veines d’un adopté par les tiens.                         

                                   

De la fontaine Al ‘Tuerie, souvenir de catholiques                          

Massacrés par les vents tourmentés de l’histoire,                          

Au quatrième Etat se levant du Père la Victoire,                 

Tu as en vérité épousé des chemins bien tragiques.                                 

                                   

Quand, ensanglantée par une répressive république,                                

En un premier mai, d’une manifestation pacifique,                         

Et que sur ordre, les lebels crachèrent leur venin,                          

Morts et blessés gisants, au secours abbé Margerin !                    

                                   

Hier, de fille éprise des industrielles révolutions,                            

Tu devins l’orpheline de ces cruelles mutations,                             

Sur l’hôtel de ces chimériques illusions sacrifiées,                         

Qui foulent à ses pieds ta devise, travail et probité.                                   

                                   

De ces textiles par l’évolution du temps déchirés                           

Aux verres, par la brutalité d’un monde, éclatés      ,                      

Tu te souviens encore de ces temps laborieux,                              

Hélas révolus. Réminiscence d’un passé glorieux !                        

                                   

Dans un univers globalisé aux couleurs de l’incertain                                

Avenir, tu puises ta force dans les meurtrissures.                          

De tes hier, inconnus de tous ces étatiques citadins,                                 

Dont les promesses se perdent dans l’aléa du futur.                                  

                                   

Les bocages de la Thiérache et les rouges façades                                  

De tes maisons, valent bien une champêtre escapade,                             

A la rencontre de ces gens par un territoire façonné,                                 

Dont la gentillesse souriante n’a d’égal que leur dignité !               

                                   

Louanges à cet hier de nos deux communs, tressées ?                            

Non, une affection réelle pour l’élégance de ceux,                         

De l’humble au possédant, de l’ouvrier à l’artisan,                          

Qui, dans ces six ans d’une vie, m’ont rendu heureux.       

 

Arnaud Mattei, le 19 Janvier 2021    

 

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Les poèmes sont cent, ils sont mille, ils sont uniques. Ils sont de toutes les cultures, de toutes les civilisations. Ils sont odes, ils sont sonnets, ils sont ballades. Ils sont vers, ils sont rimes, ils sont proses. Ils sont le moi, ils sont l’émoi. Ils chantent l’amour, ils disent nos peines, ils décrivent nos joies. Ils ont la force de nos certitudes, ils accompagnent nos doutes. Ils sont ceux de l’enfance, ils traversent le temps, car ils sont le temps. Ils ont la pudeur de la plume, la force d’un battement d’ailes. Ils sont ceux qui restent, ils prennent la couleur de l’encre sur le papier, sombres clairs, multicolores.
Alors ces quelques mots pour la souffrance de les écrire, pour le bonheur de les dire, pour la joie de les partager.
Des quelques poésies de mon adolescence retrouvées dans un cahier aux pages jaunies, d’un diplôme jadis gagné à un concours à mes presque soixante ans, il se sera passé un long moment de silence, une absence que le vide du temps ne saurait combler. Je crois avoir fait de ma vie, une vie simple et belle avec ceux que j’aime. Pendant ces quelques décennies, les mots sont restés au plus profond de moi.
Aurai-je la force de les dire, saurai-je être persévérant pour les écrire ? Et vous, les écouterez-vous ? Peut-être aujourd’hui, peut-être demain, peut-être maintenant, qui sait….

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Alain Salvador
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21 janvier 2021 22 h 50 min

Une Histoire d’un petit bout de France… Un terroir, des hommes et des femmes, des luttes, et hélas des guerres…