A Fourmies, une tranche de ma vie, j’ai passé.
Loin des miens par le travail, un jour appelé,
Cette chaleur des gens du Nord souvent vantée,
Chance et hasard m’ont permis de la rencontrer.
Qu’est donc pour un étranger être fourmisien ?
Point d’hérédité de ton sang, mais dans le cœur,
Ressentir cette simplicité, mère de ces bonheurs,
Coulant dans les veines d’un adopté par les tiens.
De la fontaine Al ‘Tuerie, souvenir de catholiques
Massacrés par les vents tourmentés de l’histoire,
Au quatrième Etat se levant du Père la Victoire,
Tu as en vérité épousé des chemins bien tragiques.
Quand, ensanglantée par une répressive république,
En un premier mai, d’une manifestation pacifique,
Et que sur ordre, les lebels crachèrent leur venin,
Morts et blessés gisants, au secours abbé Margerin !
Hier, de fille éprise des industrielles révolutions,
Tu devins l’orpheline de ces cruelles mutations,
Sur l’hôtel de ces chimériques illusions sacrifiées,
Qui foulent à ses pieds ta devise, travail et probité.
De ces textiles par l’évolution du temps déchirés
Aux verres, par la brutalité d’un monde, éclatés ,
Tu te souviens encore de ces temps laborieux,
Hélas révolus. Réminiscence d’un passé glorieux !
Dans un univers globalisé aux couleurs de l’incertain
Avenir, tu puises ta force dans les meurtrissures.
De tes hier, inconnus de tous ces étatiques citadins,
Dont les promesses se perdent dans l’aléa du futur.
Les bocages de la Thiérache et les rouges façades
De tes maisons, valent bien une champêtre escapade,
A la rencontre de ces gens par un territoire façonné,
Dont la gentillesse souriante n’a d’égal que leur dignité !
Louanges à cet hier de nos deux communs, tressées ?
Non, une affection réelle pour l’élégance de ceux,
De l’humble au possédant, de l’ouvrier à l’artisan,
Qui, dans ces six ans d’une vie, m’ont rendu heureux.
Arnaud Mattei, le 19 Janvier 2021
Une Histoire d’un petit bout de France… Un terroir, des hommes et des femmes, des luttes, et hélas des guerres…