” Zonzon ” – Chris Mady

Il est 8h00 du mat’, il parait que l’on ne peut pas rentrer.

Dans la nuit un drone se serait amusé à le survoler.

Devant la porte en fer, le soleil me brûle et j’attends.

J’ai chaud, je transpire, est ce la chaleur que je sens.

Ne serais ce pas ce mal-être, je le sens grandissant.

Cette peur de perdre ma liberté, aujourd’hui je mens.

 

La porte s’ouvre, j’y suis, je n’veux pas faire demi tour.

Attirer par un aimant, je m’engage, je perds le jour.

Je me tais, la porte se referme sur le dehors.

J’ai des questions, je m’abandonne à mon sort.

Les portes s’ouvrent et se claquent derrière moi.

On me dit ce que je dois, ce que je ne dois pas.

Une drôle de sensation m’envahie, je suis enfermé.

surveillé de partout , je ne me sens pas en danger.

 

L’odeur de la prison du plus profond de mon âme.

idem à la mort ont une odeur des plus infâme.

Un picotement qui prend racine bien au fond de vous.

vous comprenez rapidement vous êtes privé de tout.

Les quartiers s’enchaînent et les regards se croisent.

Des regards de caïds, des regards qui vous toisent.

Ils cherchent ce que vous faites sur leur territoire.

aimeraient pouvoir vous aborder juste histoire.

 

Il y a des visages, des mains accrochés à des barreaux.

Des hommes qui sont là pour payer et revivre à nouveau.

J’ai vu la promenade, j’ai vu les regards, le retour en cellule.

J’ai vu la peur de la folie, j’vous jure la prison est une bulle.

Un village dans la ville, ses lois, Montmartre et Paris.

Tu ne fais pas ce que tu veux, juste ce que l’on te dis.

 

Je rentre, je vois, je ressens, j’imagine, je me confronte.

On me regarde, on me fixe, je n’ai pas peur, j’ai honte.

honte d’être libre en prison, honte d’être au spectacle.

Un Trafalgar, un piètre Waterloo, quelle belle débâcle.

Ils me parlent avec respect, curiosité et envie de savoir.

Je ne suis pas dupe de ce qui les a plongé dans le noir.

 

Ils se livrent, m’expliquent, et n’ont pas confiance en moi.

Ils veulent que je sache, que je raconte, ce que je vois.

Il me faudra du temps pour poser des mots dessus.

Le temps est la seule chose qui reste dans l’absolu.

Bonheur, malheur, joie, tristesse et horreur.

Même enfermé s’il te plait vas y ……dis leur.

 

Dis leur que tu n’es plus libre, échoué comme une épave.

Dis leur qui décide quand tu te lèves, ou quand tu te laves.

Trois douches se battent en duel pour cinquante détenus.

Une fois par jour cela devient le lieu ou l’on s’entre-tue.

La violence est le langage permanent et quotidien de la zonzon.

Le pouvoir ne se mérite pas, il se gagne par la force et le pognon.

Ton confort se paye, tu as de l’argent tu vis et tu as des privilèges.

Tu n’en as pas, tu pleures, tu gémis et tu subis le manège.

 

Il est temps pour moi de repartir car j’ai la chance de le pouvoir.

Les portes, les barreaux se referment derrière moi, je laisse le noir.

Je repasse le portique, je me sens fatigué, mon dieu je suis choqué.

La porte métallique s’ouvre, le soleil sur ma peau vient me brûler.

Je ne parle pas, mais que s’est il passé.

Je viens de passer une journée enfermée.

C’est comme comme un tatouage encré sur ma peau.

Je viens de passer une journée derrière les barreaux.

 

CM

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Chris Mady

Chris Mady (42)

Auteur compositeur interprète et poète,
Je vis dans les caraïbes
Bonne lecture à vous ????

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