Ziad le petit Gazaoui – Sabrina Desquiens

Ziad le petit Gazaoui

Le son de la batterie résonne encore au loin
Cette musique lancinante, il la connaît si bien,
Ce rythme récurrent depuis des mois déjà
Marque de son pas cadencé la présence de ces chats.

Il cherche des yeux sa sœur aimée,
Sa camarade de jeux préférée.
Agile et petite elle aime se faufiler
Et se cacher à travers les dédales de cette jolie cité.

Le son de la batterie se rapproche doucement.
Un bruit brusque et sourd le fait se retourner
Au loin, il distingue une légère fumée
Il appelle sa sœur, aujourd’hui premier de Ramadan,
Ils leur faut rentrer et aider chère maman

Il fouille l’horizon du regard
Et là reste pétrifié et hagard
Il ne voit plus rien tant la fumée légère
S’est muée tout d’un coup en un brouillard mortifère

Le son de la batterie semble tout près maintenant
Et martèle de son chant la façade des maisons
Ziad a peur, se terre et appelle Leila
Sa cadette tant aimée qui s’ était caché là

Il court sans s’arrêtait pour retrouver
Sa mère, ses frères et sa jeune soeur
Qui certainement lasse de n’être trouvée,
Avait dû depuis longtemps déjà s’en retourner.

La batterie maîtrisée et cadencée des Uzis
Bat son plein et continue ainsi de prendre des vies
Son papa, il y a déjà un an elle lui avait ravi
Le jour de L’Aid el Kébir, jour de paix béni.

Il court il court Ziad et a peur de mourir
Tant de gens gisent au sol sans secours à venir.
Il cherche sa demeure et ne la trouve pas
Le sol est écarlate, que de décombres il y a

La batterie s’est tue, elle n’a plus rien à détruire
La batterie s’est tue et un drone vérifie
Soudain dans les décombres Ziad voit sa jeune sœur,
Elle est coincé dans les décombres et tremble de peur.

Il accourt prend sa main et lui parle doucement
Il ne peut la tirer, ses jambes bloquées restant.
Lui caressant les cheveux tendrement
Il lui assure que les secours bientôt arriveront

La batterie s’en va chargée sur des chars d’assaut
Qui passe sur les décombres sans même s’arrêter
Les chats partent maintenant, il n’y a plus de souris
Ces pauvres victimes, ces pauvres gazaouis

Ziad ne pense plus au Ramadan, à la douceur de vivre ici qui existait
Du moins des récits des anciens qui jadis en avaient témoigné.
Il pense à sa famille aujourd’hui emportée et pense qu’il n’a plus personne vers qui se retourner
Sa petite sœur est morte fatiguée de s’être de tout son sang peu à peu vidée.

La batterie, instrument majeure de cet orchestre de malheur
N’a cessé d’être jouer sur cette terre au grand coeur
Où tout un peuple bafoué dans ses droits
Continue à souffrir dans l’indifférence et le froid.

Ziad sait que toutes les résolutions
Ne lui ramèneront pas sa famille, ses illusions
Il sait que nulle organisation ne viendra dénoncer
Les sévices incessants que son peuple a à endurer.

Le mois de Ramadan est un mois d’introspection et de prières.
Ziad petit Gazaoui, ne peut pardonner mais
Que ne donnerait-il pas pour revenir à hier.
Quand la maisonnette encore résonnait de toutes le chant des voix des personnes aimées.

Le son des batteries tueuses sera à jamais lié
A cette date censée symboliser la paix

Sabrina. Desquiens-Mekhloufi ( Droits d’auteur réservés)

photo enfant blessé

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Alain Minod
Membre
2 avril 2016 3 h 47 min

MERCI BEAUCOUP Sabrina !! J’aime ce texte poétique qui élève et émeut l’âme pour trouver le sens d’une justice à travers l’insanité d’une guerre où les gens et particulièrement : les enfants doivent tout supporter de la haine colporteuse de souffrances et de morts ! Mais ces gens ne sont pas détruits dans la pensée et les enfants , comme des bourgeons au printemps, après moultes catastrophes portent toujours l’espoir d’un peuple ! Très beau et très “vrai” , ce que vous arrivez à dire , comme dans la surprise désastreuse qui est infligée à tous ces êtres qui voudraient vivre en paix dans leur pays !!!