Un nouveau départ – Sabrina Desquiens

Je me souviens de ce jour où, légère comme l’écume,
L’aurore taquine jouait telle une chatte avec la brume,
Attendant le lever du soleil qui, à l’horizon, traînassait d’un air las,
En ce matin pas comme les autres, une aube qui ne venait pas.
Je me souviens de cette lumière boréale
Où je m’étais attardée au bord de ce lac si pâle.
La pénombre fleuretait tendrement avec l’eau calme,
Attendant qu’elle ne se tire de sa torpeur,
Et se réveille enfin, remettant à l’heure
Le cadran de nos vies solaires
Qui depuis cette aube inachevée n’était que lunaire…
Les heures passaient et nulle lumière ne venait
Comme à son habitude doucement, et de plus en plus, nous éclairer.
Nous nous dîmes que le soleil absent devait être sûrement souffrant !
En effet depuis la nuit des temps, jamais il n’avait manqué ce magique instant
Qu’était sa toilette matinale pour rencontrer son aimée, l’aurore boréale.
À l’horizon soudain une colombe apparaît toute noire.
Elle se reflète dans l’eau du lac comme dans un miroir,
Terriblement décharnée, affaiblie, elle semble peinée.
Ses ailes engluées par l’or noir l’empêchent de voler
Et d’apporter son soutien jadis indéfectible à l’humanité,
Ses nombreux messages d’amour et de paix.

Des hommes sans foi ni loi à l’âme bien sombre,
À l’abri de tout et œuvrant dans l’ombre,
Avaient réussi dans leur terrible dessein
À assujettir l’homme, la planète et son destin.
Ils avaient détruit le monde dans son entité
Atteignant le soleil qui refusait maintenant de se lever et briller.
Nous lavâmes la colombe qui, blanche comme de la craie,
Pouvait à nouveau recommencer à voler.
Elle alla s’enquérir auprès du village voisin
Si d’autres survivants avaient échappé au Malin.
Elle revint avec eux, nous les accueillîmes, leur donnant de l’eau et ce qui restait de pain.

Alors commença une longue période d’errance
Pour tous les survivants, une forme de transhumance.
Dans le noir, nous cheminions fatigués et hagards
Sans aucune lumière pour nous guider, sans aucun phare,
À la recherche d’un repère pour essayer de recommencer
Une nouvelle vie basée sur l’amour et la fraternité.
Et le soleil alors se leva enfin, rassuré de voir enfin l’humanité renouvelée.

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