Je contemple le jardin, la couleur des fleurs,
Mon regard suit l’oiseau s’envolant dans l’air pur,
La mosquée toute proche s’emplit de clameurs,
Les vagues océanes au loin murmurent.
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Je perçois des cris d’enfants, des rires, des pleurs,
Les palabres des parents derrière le mur,
Le mur du jardin qui enferme mon coeur
Et me cache du monde qui me torture.
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Ici sous le grand acacia, jaune de fleurs,
A l’ombre seule, balayée des ordures,
Les hommes sont assis là, psalmodiant en coeur
Des versets du Coran, pour ne pas être impurs.
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Chaque jour, ils sont là, il n’y a pas d’erreur,
En famille, sur des nattes, derrière le mur.
Vers moi, le vent léger transporte les odeurs,
Mélange épicé de leur nourriture.
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Heureux de vivre, je les entends des heures
Parlementer dans une langue aux sons durs,
Puis la sieste se fait reine dans la chaleur,
L’appel à la prière déchire l’azur.
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Dans ma maison de verre, isolée, je pleure,
Je hais la misère qui partout perdure,
Le temps de mon expérience se meurt,
Non, ma vie n’est rien ici, je vous le jure !
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©Simone Gibert – 13/11/2018
Vous êtes au jardin d’éden, entouré par l’enfer.
Comment supporter d’être ce que nous sommes alors que d’autres souffrent la misère et la mort ?
Merci et bravo pour le texte et la photo.
Quand les mots viennent du coeur, c’est du réussi. Merci du partage.
Votre texte est très beau et tant que l’on entend et que l’on respecte les voix derrière le mur, on est à sa place. Merci pour ce voyage.
Beaucoup de beauté et de force. Quant à la fin, dure de votre texte, je peux attester quevotre vie vaut ici : elle vous permet de témoigner de beautés, à nous, exotiques, tant par l’espace que peut-être par le temps. C’est le plus beau et grand travail qui soit, celui de “passeur” : faire vivre ou revivre ce qui risque d’être oublié. Alors merci et bravo de le faire, et continuez à nous présenter ces tranches de vie avec le même talent, Simone.