A cinq ou six enfants,
Souvent par les sentiers,
En partant triomphants
Nos galoches aux pieds,
Liberté en tête,
On foule les chemins,
Les petits s’arrêtent,
Se tenant par la main,
Une toile perlée,
Devant le buisson,
“Regardez l’araignée
Qui a fait sa maison !”
Le moindre papillon,
Une bête à bon Dieu,
Même un frêle grillon
Font détourner les yeux.
“Dépêchons, les gosses !”,
Ils arrivent essoufflés,
Attention aux cabosses,
Un genou couronné !
Les enfants s’attroupent,
Sang et larmes séchés,
Reformant le groupe,
Il n’est plus de blessé.
Sac en bandoulière,
Les petits leur panier,
Prenant la coursière
La pente dévalée :
C‘est le bois de Chambost,
Après les peupliers
Qui à flanc de coteau
Forme un bouclier,
D‘un touffu vert sombre,
Des milliers de sapins
Projettent leur ombre
Sur le grand pré voisin.
Géantes fougères,
Parfum de champignons,
Timides bruyères,
Aiguilles à foison
Aux écorces mêlées
Crépitent sous nos pas,
Les petits sont noyés
Dans les herbes la-bas.
Réchauffée de soleil,
Une clairière,
Un envol d’abeilles,
Aventurières.
Les oiseaux débusqués
Poussent des cris stridents,
Nos gouters sont croqués
A pleines et belles dents.
Nos enfantines voix
Prennent un son nouveau,
Résonnant dans le bois,
Elles effrayent les oiseaux.
L‘écorce rugueuse,
Au silex entaillée,
La sève gommeuse
Est de couleur ambrée :
“De la pâte à mâcher!”
Que d’imagination !
Les boulettes formées
Complètent l’illusion.
Traînant un peu les pieds,
Il nous faut refaire,
La journée achevée,
Le chemin à l’envers.
“Vous voilà attifées !
Taches sur vos poches,
Barbouillées, dépeignées,
Boue sur vos galoches !”.
Paniers et tabliers
Contiennent nos butins,
Il ne faut le nier,
Le pardon est certain :
Et nous déversons là,
Sur la toile cirée,
Carrés de chocolat
Reliefs de nos gouters,
Champignons et “belines”,
Lichen dentelé,
Bloc de mousse fine,
Et des mûres … écrasées !
Mais ce qui me ravit,
Est d’offrir mon trésor,
Un bouquet d’ancolies
Mêlées de feuilles d’or.
©s Gibert
Sourire… ça sent le vécu, ça me rappelle tellement de chose
Vraiment bien écrit
j’adore
Anne