Ombre et Lumière – Marie Combernoux

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OMBRE ET LUMIERE

Sur le sentier, devant nous, nos ombres s’allongeaient au fur et à mesure que nous avancions et que la lumière du jour baissait. Ce matin, quand nous marchions côte à côte, nous étions tout petits, invisibles à nous-mêmes, notre ombre n’existait pas encore.

Et puis, tout doucement, elle est arrivée, minuscule tâche noire sous nos pas, elle s’est agrandie au rythme de notre marche.

Au soleil couchant, nos ombres nous avaient dépassé, dominé, nous étions engloutis par elles, comme par des vagues déferlantes.

A la nuit tombée, nous ne les apercevions presque plus, nous étions happés par cette noirceur qui nous avait avalé avec elles.

Nous n’étions plus rien, qu’une seule et même ombre parmi les ombres, nous faisions partie de la nuit, du chemin, de l’invisible.

A la vue d’une étoile, le noir devint bleuté, loin du bleu horizon que l’on voit au-dessus de la mer, un noir bleuté de profondeur de lac. Nos ombres se mélangèrent à l’eau, se noyèrent dans la nuit. Les étoiles s’allumèrent une à une comme si elles s’appelaient et plus elles étaient nombreuses, plus les ombres renaissaient. Elles avançaient dans la nuit, telles des fantômes autour du lac, gelé au petit matin.

Au bout de cette nuit étrange, le soleil qui s’était levé doucement, fit éclore de nouvelles lueurs étincelantes en dardant ses faibles rayons sur la glace. Le lac endormi reprit vie petit à petit, ses cristaux fondant lentement. Le vent, d’abord glissant sur le sol gelé, devint plus fort, provoquant des vaguelettes sur la surface en fusion. Une vapeur s’éleva au-dessus du lac, comme une auréole, laissant accroire qu’un ange s’était noyé là…

Rapidement, ces phénomènes s’estompèrent, le paysage redevint ordinaire, les oiseaux se mirent à chanter, quelques gouttelettes tombèrent sur le sol gelé et nous tirèrent de notre torpeur.

Nous reprîmes le chemin glacial en cette matinée d’hiver, en sens inverse, et au fur et à mesure que nous avancions, fatigués par cette longue marche, nos doigts gourds se réchauffaient. Nous étions guidés par la dernière étoile du matin qui s’attarde longtemps à l’aurore, tels les Rois Mages venus du bout du monde.

Bientôt, le phénomène des ombres se reproduisit. Nous les retrouvâmes, au fil de notre marche : toutes petites, puis géantes, suivant les mouvements du soleil. Nous savions que ce soir nous serions de nouveau engloutis par cette force invisible.

 

©marie Combernoux

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1 Commentaire
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Christian Satgé
Membre
23 septembre 2018 11 h 23 min

Un joli regard posé sur ce sombres qui finissent par nous happer…