Mémoires, pages 3 à 4 / 312 – Dominique Capo

 

Durant toute cette période – qui a duré de la cinquième à la terminale -, je n’ai pas expliqué à mes parents le harcèlement moral et physique dont j’ai été la proie. Il faut dire que le couple que composait mon père et ma mère a commencé à se fissurer : mon père s’occupait d’Associations de Parents d’élèves au niveau local, départemental, puis régional. Ma mère s’investissait dans un club hippique local, au grand dam de mon père qui n’appréciait pas ses velléités d’indépendance ; j’y reviendrai. Cela est devenu une course infernale entre les deux, une surenchère permanente ; ce serait à celui qui aurait le dessus sur l’autre. En tout état de cause, le couple que formait mon père et ma mère a finalement explosé en 1988, puisque mes parents se sont séparé durant mon année de Seconde. Mais les dégâts causés par cette dislocation s’est étendu jusqu’en 1989, au début de ma terminale. C’est un autre aspect de ma vie d’adolescent que je relaterai plus loin.

Mes soucis de santé liés à mon hémiplégie du coté droit ont été réguliers tout le long de ces années. J’ai plusieurs fois manqué des mois entiers au collège à la suite de crises de convulsions particulièrement éprouvantes. Elles m’ont obligé à des séjours hospitaliers de quelques semaines, car à chaque fois, le coté droit de mon corps était entièrement paralysé, et je ne pouvais plus du tout l’utiliser. Et ce n’est qu’en étant sous surveillance médicale que je récupérais peu à peu la motricité de ma jambe et de mon bras droit.

De fait, mes parents, et ma mère davantage que mon père ont été plus préoccupés par mon état de santé et les nombreux différends qui les opposaient, que par les malveillances dont j’ai été victime. Je n’ai pas voulu leur faire partager les supplices que mes camarades m’infligeaient. Conscient que la situation entre mes deux parents se dégradait de jour en jour, et que ses conséquences débordait progressivement sur l’ensemble de la famille – grands-parents des deux cotés -, je n’ai pas souhaité ajouter de l’inquiétude à leurs souffrances personnelles.

Et encore, heureusement que j’ai eu un ou deux amis épisodiques au cours du début de ces « Années noires ». Les liens que j’ai bâti avec eux m’ont permis d’encaisser – au début du moins – cette déferlante de ressentiment, de violence physique et morale, à laquelle j’étais quotidiennement confrontée. Sinon, je ne pense pas que j’aurai pu tenir le coup. Je pense que les dégâts auraient été bien plus grands et désastreux qu’ils ne l’ont été. D’ailleurs, lorsque j’y songe, c’est à partir du jour où je me suis retrouvé seul face à ces harcèlements que les choses se sont véritablement et profondément dégradées. Je me suis définitivement replié sur moi-même, ayant continuellement l’impression d’être confronté à une société hostile où je n’avais pas ma place. Et, perdu, désorienté, j’ai été dès lors incapable d’exprimer ce qui m’animait autrement que par écrit.

A suivre… 

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