Méli-mélo sorbonnard – Les première retombées – Autobio Tome XVI – Jean-Marie Audrain

XVI – Méli-mélo sorbonnard – Les premières retombées

Bien qu’étant parti du jour 1, je ne vais pas me livrer ici au partage de mon journal de bord estudiantin 365 jours par an durant 5 ans ! Je vais laisser les souvenirs remonter à la surface et laisser ma souris les pêcher l’un après l’autre, au risque de ne tisser qu’un patchwork d’anecdotes sorbonnardes, mais toutes auront au moins le mérite d’avoir été vécues et conservé « en l’état ».

Tout à fait étonnamment, au TD de monsieur Rousseau sur Platon, auteur déjà étudié en terminale puisque madame Attali-Gillois nous le citait en modèle de pensée selon sa recette : philosopher, c’est comme décortiquer un poulet ou un lapin en respectant ses articulations bio-logiques, succéda le premier cours magistral en amphi de monsieur Aubenque sur Plotin. Un total inconnu qui avait un nom qui sonnait comme une faute de frappe. J’avoue n’en avoir retenu que la visite plaisante des étudiantes BCBG de l’ICP (Institut Catholique de Philosophie sis rue d’Assas) qui venaient entendre un enseignant qui ne leur ferait pas plus perdre leur grec que leur latin.

Les TD de philosophie ancienne consistaient en des heures de pure délectation avec Marie-Claire Galpérine (auteur de “Damascius et la théologie négative” dans Le Néoplatonisme). Un blonde hors d’âge (voir photo ci-contre) et hors normes qui vivait son métier comme une actrice monte sur scène.
Une magnifique écharpe aussi ample que longue, aux couleurs chamarrées, accompagnait, de sa danse les envolées lyrique, cette voix qui déclamaient des chapitres entiers d’Œdipe roi ou d’ Œdipe à Cologne, parfois les yeux révulsés, nuque abandonnée, tête renversée en arrière. Avec elle, nous aurions pu afficher #Je suis Œdipe.
Vous avez compris que pour elle, le berceau de la philosophie était la tragédie grecque. J’en ai retenu durablement qu’un seul mot (car bien évidemment elle expliquait la dénotation et les connotation du vocable hellénistique qu’elle citait) :
Μοῖρα traduit ainsi par Wikipedia : Moîra, dérivé lui-même de μοῖρα / moîra signifiant à la fois « destin », « part », « portion » ou « lot ».Selon cette conception, présentée par notre professeure émérite, chacun reçoit son destin comme une part de gâteau dont il doit apprendre à se contenter, sachant que, de ce fait, il n’aura pas de bonheur idéal pour tout le monde. Elle nous fit lire en version bilingue les pensées d’Epictète, cet esclave qui fonda le stoïcisme parallèlement à l’empereur Marc Aurèle. Ce philosophe, source de la pensée cartésienne, vivait sa théorie sur la source de nos soucis et donc de notre bonheur : confondre ce qui dépend de nous, et que nous pouvons changer, avec ce qui ne dépend pas de nous, et que nous ne pouvons pas changer . Tous nos malheurs viendraient de nos habitudes à vouloir changer autrui. Quand son maître le brutalisait, Epictète lui répondait : « Allez-y, cassez moi le bras si vous pensez que c’est ma Μοῖρα, mais vous ne me ferez pas travailler plus vite avec un bras en moins. ». Parallèlement, je retrouvais la même philosophie avec les conférences de Jean-Marie Muller, fondateur du MAN (Mouvement pour une Alternative Non-violente). Ce esprit libre prêchait, que sans collaboration, personne ne pouvait porter atteinte à notre liberté.

En TD de philosophie contemporaine, j’avais la chance d’avoir pour professeur le traducteur des écrits posthumes de Nietzsche, c’est vous dire si j’étais chanceux. Michel Haar était aussi un spécialiste de Heigegger. J’ai relevé le défi de faire un exposer sur les fondements de la pensées de ce dernier penseur que j’ai toujours trouvé aussi hermétique qu’une chambre à air. Après un long parcours de ses références, j’ai osé conclure par cette phrase : je résumerai donc en une phrase empruntée à Dutronc le fondement de la pensée heidegerrienne : Le fond de l’être effraie.
J’ai eu l’honneur de recevoir une enthousiaste salve d’honneur à laquelle s’est joint Michel Haar qui, à la fin du cours, m’a demandé, en aparté, de lui faire connaître le philosophe cité, de lui inconnu : Dutronc !

En bonus : découvrir Marie-Claire Galpérine nous parler de la morale

 

 

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Jean-Marie Audrain

Jean-Marie Audrain (509)

Né d'un père photographe et musicien et d'une mère poètesse, Jean-Marie Audrain s'est mis à écrire des poèmes et des chansons dès qu'il sut aligner 3 mots sur un buvard puis trois accords sur un instrument (piano ou guitare). À 8 ans, il rentre au Conservatoire pour étoffer sa formation musicale.
Après un bac littéraire, Jean-Marie suit un double cursus de musicologie et de philosophie à la Sorbonne.
Il se met à écrire, dès cette époque, des textes qui lui valurent la réputation d’un homme doublement spirituel passant allègrement d’un genre humoristique à un genre mystique. D’ailleurs, il reçut de la SPAF (Société des Poètes et Artistes de France) un grand diplôme d’honneur en ces deux catégories.
Dans ses sources d’inspiration, on pourrait citer La Fontaine, Brassens et Devos.
Lors de la naissance du net, il se prit à aimer relever les défis avec le site Fulgures : il s’agissait de créer et publier au quotidien un texte sur un thème imposé, extrêmement limité en nombre de caractères. Par la suite il participa à quelques concours, souvent internationaux, et fut élu Grand Auteur par les plumes du site WorldWordWoo ! .
Il aime également tous les partenariats, composant des musiques sur des textes d’amis ou des paroles sur des musiques orphelines. Ses œuvres se déclinent sur une douzaine de blogs répartis par thème : poésie, philosophie, humour, spiritualité…sans oublier les Ebulitions de Jeanmarime (son nom de plume). Un autre pseudo donna le nom à son blog de poésies illustrées : http://jm-petit-prince.over-blog.com/
Pendant longtemps il a refusé de graver des CD et d’imprimer ses œuvres sur papier, étant un adepte du principe d’impermanence et méfiant envers tout ce qui est commercial.
Si vous ne retenez qu’une chose de lui, c’est que c’est une âme partageuse et disponible.

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