Mon cœur , ma vie – Marvens JEANTY

La scène me chatouille encore l’esprit.

C’était en septembre 2012, quelques mois après avoir eu mon Bac II avec mention succès , que je devrais, inévitablement légalisé au Ministère de l’Education Nationale et de la Formation Professionnelle , pour pouvoir m’en servir de toute éligibilité. Paradoxal! C’est le juste qualificatif correspondant à un tel phénomène. Mais , on ne saurait s’en passer. C’est la règle.

Dea, de son vrai nom Samuela ( Pfff!! aucun rapport entre le nom et le sobriquet) c’était enfin décidée de participer au concours de l’Université d’État d’Haïti ( UEH) , qu’elle trouvait auparavant débile. Surtout avec leur méthode de recrutement. Des milliers de braves gens participerons à une évaluation, et seulement une centaine auront la chance d’être retenus , sans oublier les noms pré-sélectionnés sous la pression d’autorité ou pécuniaire . Bref, c’est encore la règle. Soit on s’y adapte, soit on se botte sois-même le cul.

Ayant toujours des faibles pour les langues, sans oublier que ses camarades lui proféraient comme une incantation que ce goût linguistique lui allait à merveille, elle s’est dirigée vers la Faculté de Linguistique Appliquée ( FLA). Moi, par contre, j’étais optée pour la Faculté des Sciences Humaines ( FASCH), car mon rêve le plus cher c’était d’étudier la Communication.

Babylone fut la bastion de la religion. En Haïti , Port-au-Prince, elle -même , demeure celle des Universités. Ces dernières sont amassées comme des ordures et portent les noms de toute sorte. Et, Cela rend la capitale du pays automatiquement surpeuplée. Tous les jeunes des provinces souhaitant étudier sont obligés de tout abandonner afin de venir y nourrir leur instinct.

Revenons à nos pauvres moutons!
Notre destination à toutes les deux était la Capitale du pays, certes, mais j’adorais que l’on soit à la même faculté. Je ne pouvais imaginer me voir séparer de Dea. Nous étions tellement proches. Oh! Qu’est-ce que je me sentais bien à ses côtés !

Question de ne pas me priver de son odeur, son ombre et sa personne , je me suis également faite inscrire à la FLA. Quoiqu’au fond, ce fut contre mon plein gré.

Plus de peur que de mal , après les résultats , je n’étais pas admise à la FASCH, mais nos noms à toutes les deux sont affichés en grandes lettres à la liste des admis de la FLA.

Une conclusion logique serait que l’amitié nous souriait de nouveau. La vie, tout rieuse, nous a exigé de passer encore des années à se côtoyer l’une l’autre. Des années à ravitailler ce mystère qui nous qui nous a unifié.

Dea était issue d’une famille protestante << rouge>>. Elle a grandi dans la parole du très haut. On racontait même qu’elle savait déjà lire le gros livre avant de pouvoir marcher. Par contre , moi, j’ai toujours été laïque. Mes parents n’ont jamais mis les pieds à une église, moi encore moins, et Dieu seul sait le pourquoi . Mais en dépit de tout , la rigueur de notre lien n’a pas laissé place à cette divergence d’idéologie d’handicaper notre amitié. On se comprenait trop!

Il faut dire, dès en première année, on commençait à nous dispenser des cours qui subitement frappaient de gros coups la foi de ceux et celles qui étaient partisants du Christ. L’exemple le plus significatif qu’on a eu , était le rejet de l’approche biblique sur la question de l’origine du langage ou , si vous voulez, de la langue.

Apparemment , ce qui a constitué le dogme de ma tendre amie Dea n’avait pas été suffi à l’aider à tenir le coup. Depuis quelques temps, elle priait très peu. Il arrivait même parfois qu’elle en oublie. On peut deviner alors la suite…

Dans les environs six (6) mois plus tard, sa croyance fut brisée en miettes. Son dogme fut gravement blessé. Mais elle parvint à ne pas se laisser complètement emporter par ce changement étrange. Je veux dire qu’elle parvint à ne pas se laisser fourrer dans certaines pratiques comme: boire de l’alcool comme une éponge_ s’envoyer en l’air à longueur de journée _fumer_se coiffer à la manière de Bob Marley…

De mon côté, moi, enfant gâtée dès la naissance, ces pratiques m’allaient comme ma toute première culotte. D’ailleurs , j’avais juste deux mois, et je pouvais à peine supporter une peigne dans mes cheveux. En outre, passer un jour sans me faire prendre comme la petite salope que je me suis vue_fumer et boire, c’était comme vivre en enfer. Étudier c’est également se donner du plaisir. Quoi!!!
Puis, pourquoi prendre la vie trop au sérieux ? Elle connaît à peine notre existence sur cette maudite boule de merde nommée la terre! Pourquoi ne pas satisfaire notre pauvre chaire? Bordel!! Qu’avons-nous d’autres de plus cher?

À suivre

Marvens JEANTY

Dans: Mon coeur, ma vie.

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