Ma Picardie terre de France de Georges Roda-Gir

Qui se souvient des ces tranchées, de ces cimetières
Effacés par le temps, de plus en plus confus,
De ces hommes qui mouraient sous une pluie d’obus.
Qui mouraient habillés d’un capuchon de terre .

Son futur est en travail, et sa fièvre bout à coups meurtris
Et ce qui doit naître à droit à l’espérance,
Pour qui forge son destin, hâtez sa délivrance,
Verrons nous ses démons et leurs querelles jetés aux orties

Ainsi, je les nomme ces faux prophètes, où tout est mensonge,
Ces raisonneurs d’opérette, sans patrie,
Ils avancent masqués avec d’ hostiles cris
Plein des mots de guerre, revêtus … d’un manteau de songe.

A ce pays de terre et d’eaux, là bas près des ruisseaux,
Midi  en feu, sous un ciel profond
Loin des cités guerrières à l’abri des joncs,
Je cueillais mon amour sauvage au clair frisson des eaux.

Vous avez usé de la patrie des braves à force de promesses,
A ce jeu trop savant, avec cette langue de bois,
Vous lui avez ravi son rêve d’enfant et sa foi
Pourrions nous l’abandonner au sort dans sa grande détresse.

En voulant l’ étouffer d’un capuchon noir, fortement appuyé,
La peine qu’elle endure lui a soufflé du génie,
Le rêve féconde des tempêtes et l’éclair jaillit
J’entends sourdre ma Picardie, ma Terre de France, bien-aimée.

Georges Roda-Gir