Longue était notre marche
la marche de nos frères et sœurs
que personne ne salue sur ma terre
tendant sans cesse la main aux maîtres du monde
qui ne cessent de prolonger le sommeil de nos rêves
rêve de nos bauxites
rêve de nos métaux
rêve de nos avions
de nos cars de nos trains et de nos ordinateurs
transformés par nos machines
sortis de nos usines
agencés par nos génies
acheminés sur les marchés
de New York
de Paris
de Londres
de Tokyo
de Moscou
du Caire
de Lagos
de Dubaï
de Toronto
de Libreville
par nos frères et sœurs
rêve d’une puissante devise nationale
pour vaincre les mauvaises alliances de notre dépendance
marche de nos rêves de coton
de nos rêves de café
de nos rêves de pétrole
de nos rêves de forêts
exploités et vendus au prix fixé
par nos frères et sœurs et pour nos frères et sœurs
et sortir de l’aliénation l’honneur de nos patries
© Berceau des chats et des souris, L’Harmattan, Paris, 2009