La lionne et les hyènes – Christian Satgé

Petite fable affable

Une lionne, plus que mature,

Devint une mère sur le tard.

Ce caprice de Dame nature

Mettait la solitaire en pétard ;

C’était un fardeau que ce moutard,

Car, alourdie d’ans, la créature

Ne chassait plus guère le broutard,

Préférant charognes aux chairs fraîches,

Trop rapides, trop dures à sa dent.

N’aimant ni les herbes ni la laîche,

Elle préféra un marché prudent.

 

 Elle s’acoquina aux hyènes :

Ces veules animaux lui trouvent 

Sa pâture et lui en aliènent

Une part ; quant à elle, elle éprouve

Le voisinage de sa stature,

De ses cris, bref de sa signature.

Et pourtant, elle n’avait que haine

Pour ces pleutres qui, toujours, la couvent

D’un regard où la peur est certaine.

Il faut bien vivre avec ce qu’on trouve !

 

Le fauve aguerri, deux mois plus tard,

Laissa un peu de sa musculature

Dans sa rencontre avec un vantard.

Blessée, souffrant de courbatures,

Son aura perdit toute armature.

Les hyènes en profitent sans retard ;

Un contrat n’est que littérature !

Vaincue, la lionne se soumet

Les bêtes, dans un rire, l’éreintent.

Suivant nos espérances, on promet  ;

Mais l’on ne tient que selon nos craintes !

© Christian Satgé – juillet 2012

 

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Christian Satgé

Christian Satgé (834)

Obsédé textuel & rimeur solidaire, (af)fabuliste à césure… voire plus tard, je rêve de donner du sens aux sons comme des sons aux sens. « Méchant écriveur de lignes inégales », je stance, en effet et pour toute cause, à tout propos, essayant de trouver un équilibre entre "le beau", "le bon" et "le bien", en attendant la cata'strophe finale. Plus "humeuriste" qu'humoriste, pas vraiment poétiquement correct, j'ai vu le jour dans la « ville rosse » deux ans avant que Cl. Nougaro ne l'(en)chante. Après avoir roulé ma bosse plus que carrosse, je vis caché dans ce muscle frontalier de bien des lieux que l'on nomme Pyrénées où l'on ne trouve pire aîné que montagnard.

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2 Commentaires
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Anne Cailloux
Membre
8 février 2018 22 h 28 min

Tellement vrai, on s’y croiraiT…
J’aime, mais vous savez déjà
Anne