« La vieillesse est impitoyable. »
Jean de La Fontaine, « Le vieux chat et la jeune souris »
Au couchant de l’Afrique
Vers la sortie nord d’une ville escarpée
S’élève sur trois étages un bâtiment grisâtre.
Pour y accéder, il faut gravir un chemin terreux
Longeant de crasseuses baraques et des amas d’ordures
Qui souillent l’eau d’une source en contrebas.
…
Au dernier étage de l’immeuble écaillé
Au fond d’une des chambres d’un petit appartement
Un couple repose, harmonieux. Il s’est longtemps cherché
Il s’est enfin trouvé. Il dort à l’abri d’un nuage de drap.
Dehors, il fait très froid. La chambre tiédit.
Des flammèches de gaz sifflent légèrement.
…
Au bord du divan souple et bas
Une lampe de chevet jette son feu rose
Sur les corps desquels sourd une allègre senteur.
La caressante lutte a duré jusqu’au soir.
Elle a été belle, sans pudeur, apaisante aussi,
À la manière d’un doux déchirement de soie.
***
Mais aujourd’hui tout n’est que cendre
Les jours de la jeunesse s’en sont allés errants
De la femme, nul n’en peut plus rien dire
Et l’homme n’entend plus les violons du désir
Pourtant, il ne juge pas ceux que le plaisir sans trêve
Traîne dans les chambres closes des hôtels réservés.
l’amour survit-il dans la vieillesse ?
la jeunesse est si vite partie et la vieillesse est un naufrage (Ch,de.G°