Le retour des cendres – Arnaud Mattei

Bout de rocher, isolée au lointain de l’océan, une ile                                  

Saint Hélène couronne d’épines sur le front de l’exil.                                 

Dernière bataille impériale par son envol magnifiée                       

Par des milliers de grognards survivants accompagné,                             

Au son des mots des romantiques, retour triomphal,                                 

Des cendres de l’aigle en cette terre de France royale,                             

Plus tout à fait monarchie et pas encore République,                                

Vieux pays de gaule en quête d’une figure mythique !                               

                                   

Les berges de Seine au passage du funeste cortège,                               

Devant le lourd catafalque qui le petit tondu protège,                                

Se dressent au son des canons de la fierté retrouvée !                             

Croix de lys nationale sur le tricolore bicorne, posées,                              

Républicains, bonapartistes, royalistes et cléricaux ,                      

Oratores, bellatores, laboratores, unions des forces                                  

D’un peuple incliné devant une légende qui amorce                                  

Les crépuscules d’une nation soudée par ses idéaux.                               

 

Les froids polaires de la Bérézina ne surent masquer                               

Le soleil aux yeux rougis de ta vieille garde de fidélité,                              

Figée dans le denier adieu des cœurs lourds à genou,                              

Douleurs prosternées au pied de ta dépouille debout !                              

Les siècles passant pardonnent toujours à leurs héros,                            

Austerlitz joue nous la marche consulaire à Marengo,                               

Au son du tambour, sombre Trafalgar, fuit Waterloo,                                 

Passe sur le pont d’Arcole, vole de Friedland à Eylau !                             

                                   

Sur le mausolée, cénotaphe posé en mémoire de ta gloire                       

Aux invalides, près de ce peuple chéri que tu as tant aimé ,                      

Ta présence statufiée présidera à tant d’hommages dédiés,                                 

A nos apothéoses, à nos deuils, à nos instants de mémoire.                                

Si ta déportation devait être cet ultime voyage vers l’oubli,                        

N’en déplaise à l’Albion, elle saura sceller ton immortalité,                        

Sur les étendards impériaux, sur les oriflammes déployées,                     

Symbole singulier d’un destin stupéfiant encore aujourd’hui !                               

                                   

Code Civil ou universités, quel fut en réalité ton héritage,                          

Reconnaissance des juifs, rétablissement de l’esclavage ?                                  

Despote ou génie fondateur, que retenir de tes dualités,                           

État sur ce socle bâti ou victoires par le temps sublimées  ?                     

La grande fresque de l’histoire pose ses pas sur le chemin,                                 

De la splendeur, de la grandeur aux images de puissance,                                  

Elle auréole de si doux pastels les sombres de violence,              

Elle explique, elle justifie, elle condamne, elle va, elle vient.                                 

 

Le roman national oublie les morts pour chanter l’épopée.                        

Une identité peut-elle se forger dans le sang de la mitraille ?                               

La guerre est la fille de l’orgueil, la gloire celle de la liberté ?                     

Notre monde fissuré saura-t-il mener cette ultime bataille ?                      

Revenez ô cuirassiers et hussards, chargeurs de bravoure,                                 

Portez dans votre galop les idéaux de la paix et de l’amour,                                 

Drapeaux fièrement flottant sur le commun de notre nous  !                      

Alors Napoléon vous dira « Soldats, je suis content de vous ! »                                                   

 

Arnaud Mattei, le 26 Avril 2021

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Les poèmes sont cent, ils sont mille, ils sont uniques. Ils sont de toutes les cultures, de toutes les civilisations. Ils sont odes, ils sont sonnets, ils sont ballades. Ils sont vers, ils sont rimes, ils sont proses. Ils sont le moi, ils sont l’émoi. Ils chantent l’amour, ils disent nos peines, ils décrivent nos joies. Ils ont la force de nos certitudes, ils accompagnent nos doutes. Ils sont ceux de l’enfance, ils traversent le temps, car ils sont le temps. Ils ont la pudeur de la plume, la force d’un battement d’ailes. Ils sont ceux qui restent, ils prennent la couleur de l’encre sur le papier, sombres clairs, multicolores.
Alors ces quelques mots pour la souffrance de les écrire, pour le bonheur de les dire, pour la joie de les partager.
Des quelques poésies de mon adolescence retrouvées dans un cahier aux pages jaunies, d’un diplôme jadis gagné à un concours à mes presque soixante ans, il se sera passé un long moment de silence, une absence que le vide du temps ne saurait combler. Je crois avoir fait de ma vie, une vie simple et belle avec ceux que j’aime. Pendant ces quelques décennies, les mots sont restés au plus profond de moi.
Aurai-je la force de les dire, saurai-je être persévérant pour les écrire ? Et vous, les écouterez-vous ? Peut-être aujourd’hui, peut-être demain, peut-être maintenant, qui sait….

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