Il est arrivé un matin de grisaille
Sans crier gare, souriant d’un air candide,
Son regard limpide me détaille sans émoi :
« Je suis perdu, j’ai soif et la faim me tenaille »
Mon cœur a bondi, mon petit Prince était là !
Je l’espérais ce moment sans trop y croire.
Cet ami fidèle à qui je peux tout dire
Ce frère chéri qui jamais ne trahit
Qui partage mes désirs, devine mes pensées
Panse mes blessures et soulage mes meurtrissures.
« Viens, depuis longtemps je t’attendais
Ton ami je serai, je te le promets !
Nous partagerons les joies et les peines
Les éléments nous affronterons de paire,
Nous ne ferons plus qu’un, des autres n’aurons cure. »
Tout partagé ! Je ne croyais pas si bien dire.
Il s’est installé, a pris ses aises,
Ensemble nous mangeons, ensemble nous dormons,
Je ne suis plus jamais seul, je le sens présent
Qui s’installe et prend de plus en plus de place.
Désormais je partage mon espace de vie
Main dans la main avec cet autre moi-même
Me tient compagnie mais surtout m’envahit.
Je n’me suis pas méfié, je fais ce qui lui plait :
Me plie à ses caprices, me règle sur ses désirs,
Je sens bien qu’il me supporte et prend des forces
Mais j’ai fait une promesse, dois-je la tenir ?
Sa part il m’a donné, la mienne je dois sauver.
Je me suis fait avoir, trop bon, trop con, oui !
A la vie, à la mort ! Qu’est ce que c’est que ces conneries !
Il me lâche la main un regret dans les yeux,
Je me sens plus léger, je sens que je m’envole
J’entends un dernier son, le bi-ip du moniteur r.
©Roberto Irrabaria