À Monsieur Dupont Moretti …
Vous, qui êtes contre la peine de mort
mais qui est passionné de chasse à courre et de corrida.
Quelle paradoxe!
Le roi dans l’arène.
je vous dédis ce poème.
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LA MISE À MORT.
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Je n’étais pas un taureau parmi d’autres,
j’étais Le Mâle le plus puissant,
en Andalousie, j’étais un demi-dieu, une forteresse
fier, les naseaux frémissants.
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Les hommes m’ont offert l’espace et la liberté
j’étais le roi du cheptel
un brave parmi les braves.
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Les ganaderos nous offraient pitance à volonté,
nous offrant médecine, nous étions chanceux.
Une harmonie où les hommes respectaient les animaux,
puis un jour, on m’a transporté dans un van.
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Je voyais la campagne défiler,
les narines aux vents, que c’était bon,
était-ce cela l’odeur de la liberté ?
Non, la destination finale n’était pas l’indépendance
mais la mise à mort..
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J’ai rejoint un bâtiment que je ne connaissais pas,
puis, on m’a coincé entre deux barrières
me laissant des heures en plein soleil
sans même un seau d’eau
Je ne comprenais plus rien ;
Moi, le tout-puissant, j’avais peur.
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On m’a enfin ouvert la barrière.
J’ai découvert un espace clos, je ne pouvais plus sortir,
des personnes criaient, ils étaient des centaines.
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Des hommes sont arrivés à pied
tenant des piques dans la main
et une cape rouge dont, je ne comprenais pas l’utilité.
Cela ne présage rien de bon pour moi ;
puis la danse avec la mort à commencé.
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Les naseaux frémissants, ma patte grattant ce sol maudit
je ne me laisserais pas faire,
j’entendais hurler la foule.
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Il me faut combattre je le sais ;
j’esquive, une fois ce picador de pacotille
puis une autre fois,
je n’ai aucune issue pour sortir de ce traquenard ;
Ils sont deux, trois, passant devant moi,
puis, on me pique le flanc.
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L’épée si bien cachée derrière ce tissu rouge, cette muleta !
Même pas le courage de m’affronter en montrant les armes
comme des lâches ;
Je ne méritais pas cela.
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Mon sang si noble, coule sur le sable maudit de cette arène ;
À chaque blessure, les gens hurlent à n’en plus finir
comme une fête joyeuse.
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Une écume blanche coule le long de mon poitrail
mes yeux se voilent
moi le roi d’Andalousie si puissant, je ne suis plus rien.
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Je suis déstabilisé : devant moi parmi ces furieux
se tenaient les ganaderos qui s’étaient occupés de moi
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pendant si longtemps.
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Ils sont là, il font rien, pire, ils laissent faire…
Pendant toutes ces années
j’ai cru que la considération était là ;
Cela me fait mal, pire que les blessures.
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La danse continue, un pique, puis un autre dans le cou
puis dans l’arrière-train.
Je ne sens plus mon corps, mes pattes me lâchent
je tombe à genoux devant cette machine à tuer,
sans même savoir pourquoi.
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Quel est le but de ces humains ?
Applaudir quand l’animal souffre et se meurt !
Je n’aurais jamais pensé cela
même dans mes pires cauchemars.
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Je m’affale sur ces gravillons qui se teintent de rouge
Mes oreilles tombent…
mais qu’ai-je fait de mal à ces gens ?
Mes yeux se lèvent vers le ciel une dernière fois ;
je me souviens de mon Andalousie
j’étais le roi, j’étais…

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A tous ces animaux qui sont massacrés, pour un plaisir infâme.
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©Anne Cailloux
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La souffrance de l’animal est indigne de l’humain,votre récit si bien écrit me donne des frissons,quand l’humanité va-t-elle se réveillé? merci de rester aussi lucide Anne! amitié Colette
Formidable écrit Anne ! J’adhère complètement à chacun de vos mots.
cette barbarie devrait être interdite depuis longtemps !
espérons que Eric Dupont Moretti lira ce texte !!!…
Merci beaucoup Anne.
Bises
Chantal
Bravo Madame, s’amuser de la souffrance n’est pas digne de l’humanité
Quand la souffrance animale n’a pour écho que l’indifférence générale de ceux qui les mettent à mal … Vos mots assènent qu’ils font honte au genre humain. Vous écrivez toujours aussi bien …. Marie
C’est très puissant, saisissant
Oui tu as trouvé les mots de honte…
pauvre Monde
Ol