Je suis nulle – Marie-Hélène Coppa

(extrait de mon prochain recueil de Nouvelles)

(Histoire d’en rire)

Je devais avoir dix neuf ans quand je l’ai rencontré, c’était dans un troquet à St Germain des près. Je le trouvais beau mais surtout il avait l’air canaille et ça, ça me plait ce genre de type un peu mystérieux avec ce petit truc indéfinissable dans le regard. Il portait un blouson de cuir noir et des santiags. Bref il m’avait tapé dans l’œil.

Moi qui étais d’un naturel timide à cette époque, étonnement je ne pouvais  m’empêcher de le dévisager, tant est si bien qu’au bout de trente minutes, il s’avança vers moi.

  • Oh lala ! que je me suis dit, que vais-je pouvoir lui raconter ?

Finalement il engagea la conversation sur des banalités, du genre :

  • Tu viens souvent ici ? que fais-tu dans la vie ? etc.

Je reconnais que manifestement je n’avais pas affaire à un intellectuel de haut niveau.

J’appris qu’il était de cinq ans mon aîné.

Maintenant qu’il était face à  moi il me plaisait encore plus. Je ressentais des trucs bizarres dans le ventre et des frissons partout.  C’était peut-être ça l’amour…

Lui tout ce qu’il reluquait c’était mon physique et quand je me suis levée c’était mes fesses. Faut reconnaître que j’étais une belle fille et que j’attirais bien des regards mais ce qui m’importait c’était lui, et rien que lui, les autres ne m’intéressaient pas. Je ne sais pas pourquoi il m’a plu instantanément. Il était assez petit, d’ailleurs plus petit que moi, très brun et le teint mat avec des yeux marron. Les jours qui suivirent nous nous rencontrâmes régulièrement dans ce troquet. Pourtant un beau jour j’ai bien senti qu’il en avait assez de papoter avec une midinette, à l’évidence il souhaitait aller plus loin. Il me proposa donc de m’emmener chez lui.

Hésitante et ma foi pas trop rassurée, je me suis laissée convaincre et je l’ai suivi. C’était un petit studio avec le minimum. Un peu glauque d’ailleurs avec des rideaux jaunâtres aux fenêtres.

Il m’a proposé un verre (quand même !)  :

  • OK je veux bien un verre de jus de fruits,
  • J’en ai pas, j’ai que de l’eau et de la vodka
  • Pas grave ça ira, va pour le verre d’eau.

Pas eu le temps de finir mon verre qu’il s’approchait déjà de moi. J’étais terrorisée à ce moment là. Mais bon, fallait faire genre : « Ce n’est pas la première fois » mais si…c’était la première fois !

Il m’a flanquée sur son lit, je fermai les yeux totalement paniquée. Il arracha presque ma culotte, me tripota les seins et voilà comment c’est arrivé. Je ne peux pas vous dire que ce fut un souvenir inoubliable, c’était nul, « IL »était nul. Il m’a chevauchée  comme une bête. Quel romantisme ! Mais qu’est-ce qui m’a pris d’offrir ma virginité à ce type. Il a fallu en plus que je tombe amoureuse de lui et pourtant il n’a rien fait pour ça. Vas t’en comprendre les nanas ! Même  moi j’ai rien compris et je ne comprends toujours pas ce qui m’a pris. Une fois la « chose » terminée, suis restée prostrée sous les draps pendant que lui déambulait à poils. Mais qu’est-ce qu’il était bien foutu ! Moi j’ai attendu qu’il aille dans la salle-de-bains pour vite me rhabiller, bien trop gênée de me montrer nue.

Nous nous sommes revus plusieurs fois, mais un jour il m’annonça qu’il s’engageait dans la Marine. Catastrophe ! Je me suis mise à pleurer, Cela n’eut pas l’air de l’émouvoir le moins du monde. J’habitais toujours chez mes parents. Trois semaines plus tard je l’accompagnai à la gare du Nord. Même pas un signe, pas un regret. Moi comme une idiote je lui ai envoyé un baiser avec la main et j’ai regardé s’éloigner le train littéralement bouleversée. Quelle gourde !  Je lui ai écrit durant une longue période. Il me répondait…au début.  J’attendais le courrier avec impatience comme s’il n’y avait eu que lui dans ma vie. Tout tournait autour de lui. Je ne pensais qu’à lui, je rêvais de lui. Puis un jour « Chocho »a cessé de m’écrire, ah oui ! C’était son surnom « Chocho », j’ai jamais su son  prénom d’ailleurs, c’est fou ça !Je me suis demandé par la suite si ce n’était pas finalement un diminutif de « chaud lapin ». Quand je vous dis que je suis nulle, je suis nulle ! Je me suis entêtée à écrire encore deux, trois, quatre lettres mais plus de réponses de « Chocho ». Ma mère s’étonnait de me voir si enjouée à me rendre à la boîte aux lettres, mais je n’ai jamais rien dit.  Que des pubs et des courriers pour mes parents,  plus aucun courrier pour moi. Le temps passant je finis par me faire une raison, « Chocho » et moi c’était fini. Premier chagrin d’amour… Alors au bout d’un an je me suis décidée à passer à autre chose et un jour par hasard j’ai rencontré, « Dadou » ! Bon ne riez pas, surtout pas, « Dadou » c’est Daniel et c’est vraiment l’homme de ma vie. Il fait l’amour comme un Dieu, il est pas terrible, il fait des fautes et n’est pas très futé, mais je l’aime.

Quand je vous dis que je suis nulle !

FIN

Nombre de Vues:

20 vues
Sauvegardes Poèmes

Sauvegardes Poèmes (4)

Ce compte regroupe tous les poèmes des auteurs qui ne sont plus inscrits sur le site en tant que Membre afin de laisser une trace de leurs textes pour le plaisir des lecteurs depuis le site Plume de Poète.

S'abonner
Me notifier pour :
guest

1 Commentaire
Commentaires en ligne
Voir tous les commentaires
Plume de Poète
Administrateur
25 novembre 2021 9 h 39 min

Merci pour ce partage Marie-Hélène, nous avons hâte de découvrir ce recueil de nouvelles…
Au plaisir de vous lire.
Alain